


| | | | Ce livre pourrait servir de faire-part d'un triple deuil. Placé, par des hasards du sang et des alliances, dans la lignée des déshérences, je suis l'un des rares à pleurer simultanément les trois disparus. Je porte en moi les trois défaites du siècle écoulé : la poésie, l'humanisme et la Russie. À chaque défunt me lient des hautes joies et des profondes amertumes dont je dresse ici les couronnes mortuaires, en veillée funèbre commune. Pour éviter toute erreur sur l'identité de ces personnes, il faut en présenter les antonymes bien portants, faussaires testamentaires : le contraire de la poésie s'appelle l'empreinte ou l'inertie, le contraire de l'humanisme - la loi du nombre, le contraire de la Russie - le monde des robots. Une ombre du sacré évanescent monte de mes encens incertains. | | | | |
| | | | Langue française, accueille-moi dans ta sonorité lointaine et ta prometteuse étrangeté ; moi l'intrus de ton espace d'intuition dont ne s'est jamais nourrie mon enfance, écoulée à dix mille kilomètres de Paris. Depuis des années, je te fréquente, toi, lieu statufié que je me plais de prendre pour une noble ruine. Car aucun réflexe d'images ne cimente tes murs, aucun courant spontané de mots ne m'amène une viabilité décente et aucune épreuve d'impression ne consolide ton toit troué devant le bon scintillement des étoiles moqueuses, suspendues au-dessus des demeures plus durables. Je revis le cauchemar des exercices poétiques de Rilke, s'aventurant dans les scansions françaises ou russes (sans parler de Casanova, Tchaadaev, Wilde et même de Nabokov ou G.Steiner, tous plus à l'aise avec le français que moi), ce ratage flagrant me met en garde. N'importe quel cornichon a le pressentiment de ce magnétisme intérieur qui oriente et débrouille les mots, même décousus, d'une langue maternelle. La maîtrise du clair-obscur n'est possible que si toute la gamme lumineuse est apprise déjà au berceau. Je ne peux, hélas, atteindre ni l'éclairage direct de Joubert, ni la lumière tamisée de Valéry, ni même l'étincelle soudaine de Cioran. Je suis condamné à me contenter du déclaratif risquant ne déboucher sur rien de procédural. Que d'élans n'aurais-je cherché à greffer ou insuffler aux mots convalescents et qui, en retour, m'alarment par une réaction de rejet de corps étrangers ! | | | | |
| | | | Le français n'étant que mon faux ami, un outil d'emprunt, tant d'écorchures de métèque seront visibles sur les mots habitués au polissage d'autochtones ! Mais la tentation est si grande d'épeler ma musique dans la langue de Montaigne, La Rochefoucauld, Chamfort, Joubert, Valéry. Je ne suis pas dupe, l'aphorisme, genre autrefois aristocratique, n'attire aujourd'hui que des plébéiens, prêtant plus d'attention à l'actualité qu'à ce qui échappe aux actes des hommes. Ce livre est un ennemi de la gazette. Je n'ai aucune envie d'étaler ma biographie en en mettant en relief des recoins rugueux et exotiques. La seule curiosité que j'accueillerais volontiers serait celle pour mon ton, non pour mes raisons. Mes expériences - le langage mathématique, la mathématique du langage, l'art intellectuel, l'intelligence artificielle, la plume qui me trahit, l'ordinateur qui me ressemble - n'apportèrent rien au choix de mes vocables. Que j'aie connu les pires misères, subi les pires humiliations au pays marqué par la grandeur du malheur - tout s'efface devant le bonheur de sentir le souffle d'une vie inaboutie animer un livre achevé. | | | | |
| | | | Le polyglotte comme le polygame est porté sur la cachotterie. J'ai aimé, en même temps, et j'aime encore - plusieurs idiomes. Mes compagnes sont jalouses ; en présence de l'une, j'occulte mes aventures avec les autres. Par bonheur, leurs promesses se profèrent aux heures différentes de l'âme et m'attirent vers des lieux de rencontre ignorés des rivales. Il y a tant de manières de posséder une langue, et le manque de droiture dans certains recoins des mots peut ne faire qu'augmenter la secrète jouissance. Mon espoir est que l'arbre qui reçoit ma greffe n'est pas l'Arbre endémique et vert de la poésie, mais plus modestement l’arbre artificiel et pré-langagier de la méditation en miniature. La poésie est la rencontre organique d'une émotion, d'une ouïe et d'une intuition, rencontre interdite aux métèques de la langue, dont l'esprit ne sera que rarement surpris en flagrant accord avec la lettre. | | | | |
| | | | Donc, aujourd'hui, - rendez-vous avec la langue française. Des germes et des gerbes de mots, voulus comme soupirs, râles ou murmures. Et la réception imprévisible ; même si l'on déjoue le sens et même le rythme, que de mélodies cassées, étouffées avant d'être amplifiées par la complicité langagière ! Toutefois, dans la vie, pas moins que dans les grammaires, je fus souvent obligé de jouer la carte de l'étranger et de l'exilé, exilé de plusieurs pays et langues. Je m'accommode de ne pas connaître les dernières volontés des mots dévoilées seulement aux vrais enfants du pays, je tente de deviner, je me contente de guetter, - ce qui aurait pu animer leur volonté première. La mort d'une civilisation, comme la mort d'un verbe, s'annoncent, paraît-il, par une dégénérescence de la grammaire présentant les mêmes symptômes, quel que soit l'empire sur le déclin. En revanche, dans la naissance au sein d'une langue, tout déchirement est exception, et tout gazouillement de nourrisson est idiomatique. | | | | |
| | | | Je vois ma vie comme deux hauteurs, triomphales et sentimentales, entre lesquels s’étend une vaste platitude des défaites. La première de ces hauteurs se situe dans mon enfance ; elle est constituée par la découverte que notre vie s’éploie dans deux sphères, qui ne communiquent presque pas entre elles – la réalité et le rêve. La seconde se créa dans mes crépuscules ; elle est constituée par la conscience de ma place dans la constellation d’écrivains, de penseurs et de poètes. Je fus Narcisse dans le rêve, je devins Narcisse dans la réalité. Quant à la platitude intermédiaire, elle est constituée par la nécessité des actions, dont la valeur finale s’avère toujours pitoyable, quelles qu’en soient les apparences. | | | | |
| | | | Ce livre n'est pas un recueil de citations de plus, de ces livraisons en gros, où de rares trouvailles sont ensevelies par une surcharge d'assommantes banalités. Je crois avoir fait un choix avec beaucoup moins de complaisance. Et même lorsque certains mots présentent, en eux-mêmes, de la faiblesse, ils sont là pour être rehaussés par la vigueur de ma réplique. La citation y étant omniprésente, ce livre, néanmoins, n'est pas tant un témoin de lectures qu'un accusé d'écriture. La lecture sert à polir les carapaces et à aiguiser les griffes ; l'écriture, et même la réécriture, affinent l'épiderme et arrangent les plumes. La justesse ou la caresse, le sens ou le sang, la valeur ou la couleur. L'écriture se défend et se justifie par le goût de rameuter en persuadant, d'intriguer en récitant ou de subjuguer en poétisant. Les deux premières ambitions supposent dérivation et hérédité comme moyens ; ce travail de sage accumulation ne convient qu'aux forts d'aujourd'hui ; j'ai le faible de suivre la pente du gaspillage des dons et de la brisure des gestes. | | | | |
| | | | On parvient à garder la suite dans les idées soit par la forme, en narration ou récit, soit par le fond, en respectant l'unité de souffle ou de hauteur. Dans le premier cas, le souci du fil pseudo-logique mène fatalement à la soumission aux choses et à l'ennui. Seule la seconde démarche me paraît être digne d'une plume ambitieuse, se vouant aux perles au détriment des colliers. Triompher d'un défi, en trois lignes, est plus délicat que de remplir des folios. | | | | |
| | | | Je me reconnais dans le baroque de ces voix qui précèdent l'esprit et ne voient dans le savoir ni appui ni but, mais, au plus, un dictionnaire. La voix classique naît de l'hypothèse d'une langue et d'une voix divines dont on est appelé à rendre les desseins en effaçant ses propres traces. Donc, la recherche de mots irremplaçables, la narration de ce qui existe, la droiture et la paix d'âme. La voix romantique, au contraire, n'est en possession d'aucune partition ni image divines et cherche à évoquer Sa présence dans un chant, ignorant mais vénérant l'origine de la première note. On valide un récit, - au chant, lui, on adhère. Donc, pudeur et frisson. Le romantique devient baroque lorsqu'il comprend qu'une bougie peut se substituer à son étoile. Le classique tombe dans le baroque lorsqu'il comprend, que les coupures sont plus éloquentes que les coutures. | | | | |
| | | | Au tableau j'oppose le regard. Ou, plutôt, la hauteur, le seul moyen de ne pas perdre de vue, à la fois, la connaissance et le sentiment. On sait où mènent la science sans conscience et l'émotion toute nue ; il leur faut des masques ironiques imposant une certaine théâtralité, ce point de rupture incontournable d'avec la banalité et le quotidien. Ce livre s'attend à ce qu'au tournant des mots, naisse un état d'âme moqueur et recueilli, au moyen tantôt du fond tantôt de la forme, dans la rigueur ou dans l'illusion. Mes origines lointaines réduisent la panoplie de mes audaces de langue ; il manque, fatalement, l'arme du style, cette obsession de métèques ne sachant pas se rire de la grammaire quand un aveu ou une joie vous chatouillent la langue ! Dans mes citations, je finis souvent par négliger ce que d'autres voulaient dire et par mettre en exergue ce que, soumis à mon regard, ils me disent. Vous entendrez bien ma voix, pas un chœur anonyme et hétéroclite. | | | | |
| | | | Cet avant-propos aura inévitablement l'air d'une suite des idées. C'est un exercice contre ma nature discrète et tout en fractions. Je me reconnais mieux dans le polissage d'une perle à hauteur inconnue plutôt que dans l'enfilage de colliers à longueur connue. Enfanter d'un discours, d'une seule haleine et d'un seul tenant, c'est faire preuve de continuité, chez un homme entier. Enchaîner plus d'un syllogisme, - mais déjà sur le deuxième je me sentirais tricheur ! Les mailles verbales se tressent chez l'artisan de l'écrit comme les chaînons des actes s'alignent chez l'artisan de l'utile, - je ne fus apprenti ni de l'un ni de l'autre. Et je ne perçois qu'en pointillé tout récit visant d'habitude le continu. | | | | |
| | | | Une œuvre d'art peut souvent s'appréhender le mieux par la part du doute et de l'ironie qu'on s'efforce d'opposer face au spectre de l'ennui. Quand on ambitionne la possession d'une bonne conscience prometteuse d'un tableau à succès, la maîtrise du pas à pas, empreinte de gravité, est essentielle. Mais quand on traîne avec soi la honte d'une défaite annoncée, on ne vénère que le pas premier et l'on se recueille et disparaît dans l'avant-dernier. | | | | |
| | | | Pourtant, le décousu m'est encore plus étranger qu'un récit fait surtout de coutures. Le narratif vit d'adjonctions, le démonstratif - de conjonctions et de disjonctions, le créatif - de négations, donc d'interruptions. La seule excuse de la discontinuité, c'est l'intensité des points de négation ; le décousu est plus apparenté à l'enchaînement des idées, qu'au dépouillement du mot. Envelopper avec une idée ou caresser avec un mot ? Plus on s'attarde à l'altitude inénarrable d'une image plus on est indifférent à son itinéraire balisé ou à son panorama verbalisé. On aimerait garder de la hauteur, procéder par modulations paradoxales de lignes de crête : viser la fragilité des sommets tout en touchant la solidité des abîmes, ne pas s'abaisser dans l'inertie des platitudes intercalaires, ne pas dépenser le précieux vertige, ne pas s'accorder dans un effort monocorde. Préférer au parcours laborieux et profanateur, à la vie volée en éclats, - des envolées aléatoires, la seule échappatoire au monde sans chutes ni ascensions non jalonnées. | | | | |
| | | | Périodiquement, pendant les quatre siècles précédents, Pascal, Hegel, Nietzsche et Valéry nous proclamaient déjà orphelins de Dieu, mais celui-ci revint en force, plus jovial et sain que jamais, incarné dans des idoles socio-économiques et confirmé par des miracles en béton. Les annonciateurs optimistes comptaient sur la résurrection de Dionysos, c'est Mercure qui plante partout ses lieux de culte. Le Mercure des marchands et non le Mercure des messagers et des interprètes. Avec la puissance des messageries les messages se dévitalisent, et les interprètes, qui nous inondaient jadis de rimes et de rythmes, sont à leur tour submergés par le déferlement de protocoles et de modes d'emploi, les genres qui sont aujourd'hui au service aussi bien des platitudes surfaciques que des profondeurs volumiques. À l'ampleur impassible et toute robotique qui envahit tous les livres de la cité, je veux opposer une hauteur sans échelle ni fondations, séjour d'ironie et de honte, substitut des déserts disparus. Mais que devient son destinataire ? - l'homme est à l'agonie, tandis que ses héritiers putatifs, le mouton et le robot, égarèrent sa dernière volonté. | | | | |
| | | | Mon unité de souffle consiste en la pitié qui m'astreint et m'attache aux obstacles et en l'ironie qui me détache des buts. Il semble que l'art naisse, plus pur, de la résolution des contraintes, brumeuses, élégantes et despotiques, que de la poursuite d'un but limpide, dicté par un calcul libre. La liberté ne favorise que ceux qui pèsent, elle est un frein à ceux qui fabriquent leur propre balance. Le paroxysme, la sensation de maintenir un souffle contraint et toujours convalescent, me paraît être l'élément primordial d'une écriture noble ; les symptômes, les remèdes ou, surtout, les histoires de maladies sont hors de ma portée. L'incurable honte m'habite ; ma plume ne griffonne que la face intérieure de la muraille qui isole les pestiférés de l'inutile de la paisible santé des hommes libres. Ce que ceux-ci prendraient pour de l'exacerbation polaire, n'est, en deçà de la ligne de la honte, qu'un climat somme toute modéré. | | | | |
| | | | La naissance de cet opuscule ne provient pas d'un prurit littéraire, qui n'est toujours que socioculturel et donc germe d'une gravité dérisoire. Mon but est ironique et, pour l'atteindre, il me faut des moyens graves (comme pour se mesurer avec un but grave rien de plus efficace que d'ironiques et vivifiants moyens). Ne m'attacher ni à une époque ni à une latitude. Le français a évincé le russe, celui-ci se prêtant mieux au gémissement qu'au chant. J'ai un vague et gratifiant pressentiment que les images que je vais effleurer ne devraient pas avoir moins de prise sur une île déserte que dans un salon parisien ou dans une cuisine moscovite (c'est cela, l'ironie, - ignorer les calendriers et les méridiens). Le plus souvent, ces images ne s'associent pas avec des objets palpables, elles sont plus présentes - aux yeux avides de ce qui est immobile - que ce qui est, mais pour l'homme d'aujourd'hui ou, pis encore, de demain, elles ne prennent pas forme, elles ne sont pas. | | | | |
| | | | Ordinairement, ces images animent les poèmes, envoûtent les journaux intimes, se répandent sur du papier à lettres. Je leur fais des crocs-en-jambe ou leur tire la langue, quand il s'agit des images des autres, ou, quand elles sont articulées par moi-même, je ne cache même pas leur boitement apostatique. Je les serre jusqu'à ce qu'elles s'achèvent en formules. Ce moule se justifie quand on est prosélyte du mot coulant et iconoclaste de l'idée en bronze. Je sais bien que l'écriture pleine est dans l'inachevé du souffle et la palpite, la berce ou la pâme du ton, et où le regard immobile fait figure d'éléphant ou de pédant, mais mes progrès en français ne me laissent d'autre choix qu'entre l'idée et le mot. L'idée m'indiffère, seul le mot m'interpelle et me séduit. Le mot est ce qui part à la conquête d'une image, l'idée est ce qui prétend la tenir. La beauté, hélas, est indicible, muette et de pure forme ; elle n'évoque le contenu que dans des dispositions, chaotiques et absurdes, de mots, de notes ou de couleurs. Tout contenu ne se matérialise que dans un dialogue, d'où ma prédilection pour la réplique et la répugnance pour la harangue. | | | | |
| | | | En entrouvrant la bouche (ou en se saisissant d'un stylo), tout plumitif se met à parler soit au nom du passé de ses idées (la tribu la plus nombreuse et ennuyeuse), au nom d'un présent en naissance (la race la plus rare, les poètes par vocation), au nom d'un avenir qui naît en même temps que les mots (les intuitifs, les volages, les solitaires sans bénédiction visible des cieux). Je me situe, humblement et orgueilleusement, dans cette dernière race. La deuxième me donne une cuisante envie, mais seule la première m'est accessible comme cible de défi ou de sarcasme. | | | | |
| | | | Quand on voue un culte aux idées, on bâtit, autour d'elles, des systèmes, des événements, des justifications. Avec les mots, au contraire, on ne vénère que le langage désarticulé, conducteur capricieux d'émotions, tendant à sortir, arbitrairement, de l'anonymat d'une construction collective. Les idées sont censées rendre ce qui est mûr ; les floraisons des mots, en revanche, ne promettent que des fruits pour les yeux, les oreilles et non pas pour la bouche. Les idées ont du volume et du poids, les mots n'ont que la hauteur du regard et l'échelle de l'ironie. La vision, le contenu - idea, ou le regard, la forme - eïdos. | | | | |
| | | | À quoi s'attaquent les mots (je ne parlerai guère d'idées qui ne s'attaquent qu'à la grisaille des schémas figés dans des normes des hommes) ? Leur choix, plus que celui des idées, traduit la part de la noblesse en nous, le besoin que nous avons du sacré et de ses sacrilèges. Je me rends compte que les choses, dignes d'être ennoblies par le mot, peuvent être vécues soit comme Mystère, soit comme Problème, soit comme Solution. L'existence irréductible de ces trois angles d'attaque, triviaux mais oubliés trop souvent, exclut toute tentation de mettre un point final d'une vérité quelconque. La vraie maîtrise d'un sujet, ce n'est pas sa possession, c'est l'harmonie avec laquelle on l'aborde. L'harmonie avec la vie s'appelle Mystère, l'harmonie avec un langage s'appelle Problème, l'harmonie avec une époque s'appelle Solution. | | | | |
| | | | Les noms sont sur le blason du poète ; le mufle se hérisse d'adverbes ; un autre arsenal fournit la garde d'honneur des mots, face aux invasions de l'époque, c'est la panoplie des verbes : pouvoir, vouloir, devoir. Il faut se rendre à l'évidence : l'homme sera bientôt dépassé par les machines en tout ce qui se commande par pouvoir ou devoir. (Curieusement, l'anglais et l'allemand distinguent deux types de pouvoir et de devoir, le permissif et le facultatif, distinction qui n'existe pas en langues romanes et slaves.) Pour nous surpasser, il ne nous restera que vouloir : le désir ou le rêve. Parler de puissance ou de normes, de savoir ou de rites n'a aucun avenir littéraire. | | | | |
| | | | Les tiroirs sont incontournables quand on cherche à meubler un livre. Toute intelligence, surtout celle d'artiste, est d'ordre classificatoire. Dans ce travail, deux exigences contradictoires s'affrontent : discrimination voulue par la noblesse, générosité insufflée par la poésie. Mon projet consiste à passer les mots en revue, à égale distance de ces arbitres. C'est bien le projet qui m'importe, le sujet et les objets n'ont qu'un rôle subalterne, mais dont voici la liste commentée. | | | | |
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