| hommes | | | Dès qu'on oublie le souci du ventre, on se désintéresse du chantre. Le souci du beau ne concerne plus que ceux qui inventent leurs propres soifs inextinguibles. « Le savoir produisant le bien, qui produisait le beau, tandis que le sacré illuminait toute chose ; voici la nouvelle barbarie : l'explosion scientifique et la ruine de l'homme » - M.Henry. Quand le champ du possible s'élargit, le chant de l'invisible s'assourdit. Jamais le besoin de l'inutile ne fut si moribond. « L'amphore, qui refuse d'aller à la fontaine, mérite la huée des cruches » - Hugo - vous comprenez maintenant l'orgueil de ce récipient exhibant les mêmes performances que la cruche. | | | | |
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| hommes | | | Pourquoi, diable, pâtit-on davantage, dans l'inhumain, des rêves brisés, plutôt que, dans l'humain, des os brisés ? Parce qu'un rêve inaccessible portait, jadis, plus haut qu'une action, devenue aujourd'hui accessible et nous condamnant à la platitude. « L'événement crucial de la Modernité, le passage du règne de l'humain à celui de l'inhumain, l'action est devenue objective » - M.Henry. | | | | |
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| intelligence | | | Avec dix voyelles et vingt consonnes, nous avons un alphabet dix fois plus pauvre encore, que le clavier d'ordinateur : « L'ère de l'informatique sera celle des crétins. Le clavier de l'ordinateur est plus pauvre que celui d'une machine à écrire » - M.Henry - et vous adressez vos piètres piaillements aux oreilles complaisantes. Le clavier de l'ordinateur, au moins, est écouté par un cerveau de plus en plus subtil et presque sans faille. Le crétinisme, c'est peut-être de ne pas produire d'accents assez toniques ni de se servir de touches assez sensibles. | | | | |
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| intelligence | | | Une esthétique calculable et jetable, telle est la réplique du technicien à la grogne du poète : « Un monde par essence esthétique va cesser d'obéir à des prescriptions esthétiques, telle est la barbarie de la science »** - M.Henry. Elle est au gouvernail d'un navire, à la navigation préprogrammée. Apprends à ne pas compter sur les voiles empruntées, mais sur ton propre souffle, même si tu étais condamné à garder ton immobilité au fond d'une cale, où t'ont abandonné tes ex-compagnons de route. | | | | |
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| proximité | | | En nous, qu'est-ce qui est le plus proche du réel : l'action ? le savoir ? le discours ? la musique ? - on pense s'approcher de la réponse, en progressant sur cette échelle, mais l'on finit par constater toujours le même gouffre et par reconnaître, que c'est le regard qui est le seul candidat crédible : « Qu'y a-t-il de plus réel qu'un regard ? » - M.Henry. | | | | |
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| souffrance | | | Aujourd'hui, même dans les antichambres des cimetières règne la mécanique ; le douloureux, de compagnon naturel du bon et du beau, devint complice du hasard, gênant des carrières, mais imperméable aux mystères. « La souffrance est le lieu, où la vie devient vivante » - M.Henry. | | | | |
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