| amour | | | La vie gardait son sens grâce à deux vides, côté tête et côté cÅ“ur : la curiosité de l'esprit et la soif de l'âme, qui ne cherchaient qu'à se remplir. « Stop to fill your head with science - for to fill your heart with love is enough » - Feynman - « Ne cherchez pas à remplir de science votre tête, car remplir d'amour votre cÅ“ur, c'est déjà suffisant ». Le plus fascinant, c'est que, apparemment, la source, d'où coulent l'émotion ou l'intelligence, n'est ni dans la nature ni dans le hasard, - elle est en nous ! Comme une règle, qui ne demande qu'être appelée. Et peut-être, de surcroît, cette source est la même, pour ces deux courants qui s'ignorent. | | | | |
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| amour | | | Oui, la vie est un rêve, diurne ou nocturne, la raison ou l'érotisme, l'être ou le néant. Et comme toujours, c'est à travers leurs perversions que nous en touchons le fond : l'acte ou la possession, agir ou avoir. On jouit toujours à deux, et l'on jouit le mieux avec un partenaire vécu comme un mystère, et que ne voient pas ceux qui ne s'occupent que de problèmes visibles : « La physique est aux maths ce que faire l'amour est à se masturber » - R.Feynman - « Physics is to math what sex is to masturbation ». | | | | |
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| bien | | | Ce qui est merveilleux sur la scène du monde, c'est que tout acte de bonté comporte, en même temps, des couleurs du beau et des grandeurs du vrai. « Impossible que cet univers fabuleux ne soit qu'une scène de lutte entre le Bien et le mal. Cette scène est trop large pour ce drame » - R.Feynman - « This marvellous universe can not merely be a stage of struggle for good and evil. The stage is too big for the drama ». L'ampleur du Bien s'y complète par la profondeur du vrai jeu et surtout par la hauteur du beau décor. La vraie merveille, c'est la même intensité du mystère qui y enveloppe et l'espace et le temps. | | | | |
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| hommes | | | Manine, l’un de mes maîtres de la chaire d’algèbre à Moscou (et où brillait Chafarévitch), vient de mourir. Plus que de la géométrie algébrique, j’avais parlé avec lui de Rilke (que nous traduisions tous les deux), de O.Spengler ou de W.Schubart. Nous partagions aussi l’intérêt pour les langues. Sa vision de la mathématique comme d’une métaphore du réel était très profonde et belle. Il me fascinait avec l’image de l’homme naissant de lumière (l’ange) et non pas de matière (la bête), dans un Univers sans masse, juste après le Big-Bang. Et j’appris récemment, qu’il était l’un des premiers (avec R.Feynman, dont je connus bien la sœur) à suggérer l’idée du calcul quantique. | | | | |
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| intelligence | | | Les musiciens sont les plus bêtes des artistes, et les mathématiciens - les plus bornés des scientifiques ; ce qui confirme, que les génies musical et mathématique sont les plus purs, irréductibles à la basse cervelle mécanique. Le regard, porteur d'une vraie intelligence, n'a pas grand-chose à voir avec l'oreille ou le cerveau, il n'est ni scientifique ni rythmique : « Un scientifique jugeant des problèmes non-scientifiques est aussi niais que le premier venu » - R.Feynman - « A scientist looking at non-scientific problems is just as dumb as the next guy ». | | | | |
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| ironie | | | Le drame du progrès est que plus de bien-être, même s'il est équivalent au bien-avoir, signifie, en réalité, plus de mal-devenir. Ce n'est pas une question d'éthique, mais d'optique : « Chaque fois qu'il te semble, que les choses vont mieux, tu avais oublié quelque chose » - R.Feynman - « Any time things appear to be going better, you have overlooked something ». | | | | |
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| unamuno m. | | | Creer en Dios es anhelar que le haya.
Croire en Dieu, c'est désirer qu'Il existe. | | | | |
| | proximité | | | C'est plutôt savoir qu'Il n'existe pas et L'aimer ou L'admirer. Créer, c'est à dire former son regard, sous l'impulsion du Sien. Croire, c'est créer (creer es crear). Et qu'est-ce qu'on ferait de Dieu, s'il existait ? Le sentir, Le toucher, Le comprendre ? Balivernes. Dieu n'est compréhensible qu'en tant que notre création : « Ce que je ne peux pas créer, je ne peux le comprendre » - R.Feynman - « What I cannot create, I do not understand ». | | | | |
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| solitude | | | Je connus de l'intérieur la hideur soviétique. Paria, vagabond, seul comme un chien parmi des troupeaux d'esclaves. Je suis en Europe : la compétition, rien d'excessif, ni pitié ni honte, ni larme chaude ni cÅ“ur d'ami. Là -bas, une malédiction jetée par le goujat ; ici, une déréliction infligée par le robot. « Que le Tsar de toutes les Russies voie la platitude misérable de ma vie avec des yeux pleins de pitié » - Shakespeare - « That the Emperor of Russia did but see the flatness of my misery with eyes of pity » - même sans être étouffé par la platitude, j'accueille humblement une pitié, surtout en compagnie d'une ironie. « Les plus hautes formes de la compréhension sont le rire et la pitié humaine »*** - R.Feynman - « The highest forms of understanding are laughter and human compassion ». | | | | |
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