| action | | | Les grands hommes d'action n'existèrent jamais ; la grandeur n'est que dans les circonstances. Ceux qui s'y prêtèrent ne s'appuyaient guère sur les idées, mais sur le courant aléatoire et favorable à leur profil. Se plaindre de l'absence de grands hommes : « Ces hommes d'autrefois furent très grands, avec leurs yeux, fixés sur une Idée, sur un universel abstrait et éternel » - J.Benda – est idiot. Félicitons-nous que les yeux de tous les candidats à cette méchante grandeur soient fixés aujourd'hui sur l'Idée d'un universel mercantile et non pas belliqueux. Et laissons l'homme de rêve vivre de son regard, particulier, viscéral et charnel. | | | | |
|
| art | | | La pensée, c'est le contenu pur, elle n'a pas de forme ; on ne peut pas lui rester fidèle en restant en contact avec elle ; il est idiot de dire, que « le style d'idées doit se mouler sur la pensée » - J.Benda. C'est aussi spirituel que d'inviter l'amour à s'inspirer du Code civil. La vie se moule-t-elle sur un squelette ? | | | | |
|
| bien | | | Le Bien est le seul universal qui échappe non seulement à une traduction en actions, mais aussi à une représentation par idées. « C'est la passion du Bien, ce n'est pas l'idée du Bien, qui changera le monde » - J.Benda - laissons le monde en paix, c'est l'intranquillité humaine qui y trouvera son compte. | | | | |
|
| cité | | | Une grande nation, admirant le reflet de son âme, aux heures astrales de sa culture, tel Narcisse, - cette image me séduit. Les repus, ignorant ces vertiges, disent : « Une humanité unifiée n'aurait que mes mépris, si elle n'était occupée qu'à s'enivrer d'elle-même » - J.Benda – les arbres s'unifient, les forêts, qui y parlent, chosifient. | | | | |
|
| hommes | | | La noblesse du regard sur le monde consiste en capacité de discerner les mystères de la vie, de voir avant tout la beauté de la matière divine et la bonté de la manière humaine. Les vérités, surtout les vérités non-scientifiques, n'y apportent pas grand-chose. Les goujats, hors la science, mais le front plissé, s'imaginent détenteurs de titres de noblesse ruminante : « L'attachement à la pensée, dans son opposition à la vie, est le propre d'hommes d'exception, disons d'une aristocratie » - J.Benda. Le Verbe, qui ne se fait pas chair, est condamné à n'être que minéralogique ou grammatical. | | | | |
|
| intelligence | | | Être, c’est s’exprimer universellement ; exister, c’est agir particulièrement. « Exister, c’est être distinct » - J.Benda. | | | | |
|
| valéry p. | | | Toute philosophie, où le mot vie est explicateur, est nulle. | | | | |
| | intelligence | | | J.Benda t'accuse d'en être l'un des adeptes. La vie, cet implexe hors logique, cette instase sans Dieu, a peut-être sa place dans la philosophie extatique en tant que implicateur. | | | | |
|
|
| mot | | | Le choix du mot découle de la tonalité verticale, que je cherche à imprimer à mon discours, tandis que le choix de l'idée en est dicté par l'angle de vue horizontal. Il est donc faux de penser que « notre esprit est ainsi fait que la formation d'un concept et l'évocation d'un mot sont un seul et même acte » - J.Benda. Il n'y aurait ni artistes du mot ni imbéciles du concept, si c'était vrai. L'intelligence manie les concepts, le goût (en couleurs, en hauteur, en intensité) arrange les mots. Et toutes les combinaisons de ses deux types d'énergie sont possibles. Le concept le plus subtil se passe de mot, mais aucun mot ne peut se passer de concept ; quand on ne le comprend pas, on dit : « De ce qui est soustrait à la langue, il ne peut y avoir de concept, ni de pensée » - Badiou. | | | | |
|
| noblesse | | | Pour me permettre une mégalo-manie, il faut porter en moi une manie-passion et avoir de bonnes notions de grandeur. Mais je ne pourrai plus me plaindre, comme jadis, du mépris du grand souffle (J.Benda ou Malraux), puisque, dans leurs climats artificiels, les hommes n'ont plus besoin de souffle, toutes leurs grandeurs, aujourd'hui, sont numériques, et au feu d'un mépris se substitua leur tiède flegme. | | | | |
|
| noblesse | | | Dans les profondeurs, il n'y a que très peu de points d'attache ; et en surface ils abondent. D'où l'austérité des profonds et l'exubérance des superficiels. Mais la personnalité n'a qu'une seule dimension probante - la hauteur, et elle accompagne plus naturellement les superficiels que les profonds, elle est plus près de la caresse que du forage. Et J.Benda : « En ce qui regarde l'amour, Descartes, Spinoza, H.Spencer travaillent en profondeur et Stendhal - presque uniquement en surface » - n'y est pas si idiot qu'il en a l'air. La peau n'est peut-être pas ce qu'il y a de plus profond chez nous (Valéry), mais elle promet une belle hauteur. | | | | |
|