| art | | | Mon état d’âme - ce désir difforme, cette voix du Bien - sert de commencement pour le chanter ; mais, en le chantant, un autre désir, inspiré par la forme naissante, surgit, - une voix du Beau. Le rêve musicalisé, c’est la rencontre de ces deux voix. « Je te chercherai par mes désirs ; je te désirerai en te cherchant » - Anselme - « Quaeram te desirando, desiderem quaerando ». | | | | |
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| doute | | | Comprendre, c'est englober l'origine du premier pas, ce point zéro, qui ne s'appuie que sur la croyance, même en mathématique : « Si tu ne crois pas, tu ne comprendras pas » - Anselme - « Nisi credidentis, non intelligentis ». Une fois la compréhension bien balisée, la croyance s'installe, paisiblement, parmi des faits et des logiques : « Tu dois comprendre pour croire » - St-Augustin - « Intellige ut credas ». Les tenants des rigueurs monolithiques sont avec Schopenhauer : « Croire et comprendre sont deux plateaux d'une balance : plus l'une monte plus l'autre descend » - « Glauben und Wissen verhalten sich wie die zwei Schalen einer Waage : in dem Maße, als die eine steigt, sinkt die andere » - c'est la croyance qui grave les mesures et stabilise la balance ! Près des sources, la raison calculante doit devenir raison croyante : « Je dus écarter la raison, pour faire place à la croyance » - Kant - « Ich habe das Denken beiseiteschaffen müssen, um dem Glauben Platz zu machen » - il ne faut même pas laisser vide la place de la raison, il suffit d'y reconnaître son impuissance, ce qui est un geste de lucidité et de courage, apparenté au sacrifice. | | | | |
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| intelligence | | | Se fendre de quelques centaines de pages de « Le non de l'être s'aliène le néant et se projette sur l'étant » ou « l'effectuation rétentionnelle de l'impressionnalité perce le flux héraclitéen », dans la lignée de Gorgias ou Parménide, Anselme ou Husserl, enfanter d'une narration haletante du dernier fait divers impliquant des journalistes - les seuls moyens, aujourd'hui, de prouver qu'on n'a pas peur de la stérilité verbale. | | | | |
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| intelligence | | | Tout peut être réduit au statut d'attribut (d'un méta-objet), même l'existence, même la substance, même la relation. Et donc être déduit ! - n'en déplaise à Anselme, Descartes ou Kant. Ou aux bavards : « Exister, c'est être là , simplement ; on ne peut jamais déduire les existants » - Sartre. C'est sur le évidemment que trébuchent le plus souvent les bons mathématiciens ; les mauvais raisonneurs trébuchent sur le simplement. | | | | |
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| ironie | | | Peut-on être, en même temps, immunisé contre le pessimisme et allergique au désespoir, être optimiste à l'occasion et rejeter l'espérance inodore ? L'espérance est affaire des poumons : désespérer en respirant, espérer en soupirant - à l'inverse de Cicéron : « tant que je respire j'espère » - « Dum spiro, spero » et d'Anselme : « désespérer en soupirant, respirer en espérant »*** - « desperem suspirando, respirem sperando ». | | | | |
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| proximité | | | Tendre vers Dieu, c'est se donner une chance de se scruter soi-même : « Je tendais vers Dieu et je suis retombé en moi-même » - Anselme - « Tendebam in Deum, et offendi in meipsum ». | | | | |
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| proximité | | | Aucune compréhension complète ne peut se passer de croyance ; tôt ou tard, dans l'enchaînement causal, on tombe sur un postulat ou un axiome ; croire en autre chose ne peut être que de la bêtise. « Je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre » - Anselme - « Neque enim quaero intelligere, ut credam ; sed credo, ut intelligam ». Le croire se laissant dicter sa raison par un pour, c'est comme le Verbe pur se soumettant à une vulgaire préposition. Sans disposition au croire aucune proposition du comprendre ne tient debout. | | | | |
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| proximité | | | Ils pensent rencontrer Dieu en montant sur l'échelle de la grandeur (Anselme) ou de la perfection (Descartes) ; une meilleure chance ne consisterait-elle pas à se rendre compte qu'en les montant ou en les descendant on tombe, partout, sur le même degré d'émerveillement ? | | | | |
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| vérité | | | Si l'on parle de choses vraies (« la vérité est aux choses vraies ce que le temps est aux choses temporelles » - Anselme - « tempus se habet ad temporalia, ita veritas ad res veras »), on ne peut être que scolastique logorrhéisant. Ne sont vrais que des énoncés (au-dessus d'un modèle - veritas cognoscendi). Le vrai en tant qu'attribut des choses (veritas essendi) - tel le temps - n'a aucun intérêt ; il n'appartient qu'aux requêtes - représentations - interprètes. Verba, res, mores… | | | | |
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