| art | | | La nullité littéraire des musiciens et des mathématiciens s’explique par l’impossibilité de traduire la musique en autre chose que la danse ou d’interpréter la mathématique, en revenant au réel relatif et en sortant de l’idéel absolu. Danseur ou penseur, ces deux dons sont les seuls à faire de toi un écrivain. « J’aime la vie elle-même et non des au-delà quelconques ; je ne suis pas rêveur, je ne fouille pas mes états d’âme » - Prokofiev - « Я люблю самую жизнь, а не витания где-то, я не мечтатель, я не копаюсь в моих настроениях ». | | | | |
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| intelligence | | | Les fibres littéraires sont à l’opposé des fibres musicales ; les premières entonnent une mélodie, avant de tomber par hasard sur des idées ; chez les secondes, c’est le contraire : « Si tu as une pensée, ton style doit s’y adapter » - Prokofiev - « Если есть мысль, то стиль повинуется мысли » - tu devrais t’adapter aux rythmes sûrs, plutôt qu’aux pensées bancales. | | | | |
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| mot | | | Je me sens porteur d'une musique, mais je dois la confier aux mots. On peut avoir une idée du désastre en tombant sur d'effarants livrets accompagnant les meilleurs morceaux de Mozart ou Tchaïkovsky. Les arpèges des mots sont souvent souillure d'une partition vitale. Mais la pensée est contre-indiquée à la musique, comme à la poésie ; écoutez du Nietzsche, du Marx ou du Platon, mis en musique par G.Mahler, Prokofiev ou Satie. Un étrange suicidaire, le compositeur loufoque B.A.Zimmerman, prenait pour livrets des citations de l’Ecclésiaste, de St-Augustin, Dostoïevsky, Wittgenstein. | | | | |
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| russie | | | L'enfance façonne plus profondément nos fibres que nos vocables ; aucun problème pour trouver, chez d'autres tribus, des égaux de Pouchkine, Tolstoï ou Pasternak, mais, contrairement à l'écoute de Bach, Mozart ou Beethoven, je n'éprouve nul besoin de chercher la raison, jamais suffisante, du frisson qui me vient d'un morceau de Tchaïkovsky, Rachmaninov ou Prokofiev. | | | | |
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