Platon
 
 
 

action
L'acte esthétique est dans le mot ou la note, il est inactuel. L'acte éthique n'a de sens que par des traces. D'où l'exil de l'artiste au-delà du bien et du mal, dans l'essence, dans la permanence de l'être, ce point crucial de l'éternel retour, car « l'Un-Bien est au-delà de l'essence » - Platon.
art,beauté,bien,éternité,être,exil,mal,mot,retour

action
Ni les actes ni les idées ni les larmes n'expriment presque rien d'intéressant chez l'homme. L'homme ne se reflète bien que dans ses métaphores. Ce n'est pas une douteuse intelligence qui rend Platon intéressant, mais exclusivement ses métaphores - les mythes. « La maîtrise de métaphores est, de loin, la chose la plus sublime, la seule, qui ne s'enseigne pas »*** - Aristote.
idée,intelligence,métaphore,souffrance

action
L'homme de contemplation (Platon) ou l'homme d'action (Aristote) ne sont que de mécaniques projections de l'homme de création : le musée ou l'usine, pâles reflets de la vie.
création,regard,robot,vie

action
L'amour est la seule manifestation palpable du bien ; mais si le bien répugne à l'action et ne se donne qu'au rêve, l'amour a son action, qui s'appelle caresse. L'amour divin, semble-t-il, en est dépourvu : « Pour imiter l'amour divin, il faut aussi ne jamais faire appel à l'action » - Platon.
amour,bien,caresse,dieu,rêve

action
L'esprit suffit pour entendre un poème, cette musique nommée et datée ; seule l'âme peut entendre la poésie, cette musique atemporelle et atopique. « Le poème merveilleux est l'affaire des profanes, la poésie mystérieuse et invisible est une recréation de mystes » - Platon.
âme,création,esprit,musique,poésie,temps

action
Toute bonne définition doit comporter des indications pour passer à l'acte ; la vérification est déjà une première action. Et Platon a raison de rester balbutiant dans ses définitions du Bien, puisque « entre paroles et actions l'harmonie n'est jamais accomplie », le Bien étant au Commencement comme le Verbe.
beauté,bien,commencement,mot

action
Les hommes apprécient ce et ceux, principes ou hommes, qui font bouger le monde ; ô combien plus intéressants sont ceux qui y dénichent quelque chose de délicieusement immobile, invariant, apparenté à l'éternel ! « Ceux qui peuvent saisir ce qui est toujours égal à soi sont philosophes »*** - Platon. L'enfer, c'est le prurit des pieds ; et « l'immobilité, ce seul fragment de notre ressemblance à Dieu, qui nous reste du paradis »** - F.Schlegel - « Müßiggang, einziges Fragment der Gottähnlichkeit, das uns noch aus dem Paradies blieb ».
bonheur,dieu,éternité,hommes,idée,immobilité,ironie,philosophie,soi,vie

action
Poésie, travail en grec. (Regardez ces jargonautes modernes aigrefins s'extasier devant la formule soi-disant platonicienne : « Tout ce qui mène du non-être à l'être est de la poésie » ! La visibilité ! Même la Dichtung allemande peut s'entendre comme condensation.) Verdict contre la fainéantise, réhabilitation du travail. Et si tout le reste n'était qu'extraction de mensonges, usinage d'illusions, service rendu au diable, diffusion de contrefaçons…
allemagne,être,grèce,mensonge,poésie

action
Dans chaque action, ma liberté s'éprouve dans : la noblesse des contraintes, le talent des commencements, l'intelligence des parcours, la sagesse des fins. Quoiqu'en pense Platon : « Le dieu tient en mains le commencement, la fin et le milieu de tous les êtres », Dieu en est absent, et la chiquenaude initiale ne laissa aucune trace, aucun écho. En tout cas, au savoir et au savoir-faire ce Dieu délicat semble préférer la noblesse, pour représenter ma liberté.
chemin,commencement,contrainte,création,dieu,esprit,intelligence,liberté,noblesse,savoir

action
Il y a des ouvrages et il y a des œuvres. On doit juger les premiers d'après leurs finalités ; on peut évaluer les secondes d'après leurs commencements : « En toute œuvre, ce qui est le plus grand est le commencement » - Platon.
art,commencement

action
L'utilité du savoir philosophique, admirée par Aristote : les astres soufflèrent à Thalès le présage d'une bonne récolte d'olives ; le bougre investit en pressoirs et, à l'automne, amasse une coquette somme d'argent. Aujourd'hui, porteurs de complets, les philosophes-savants envient les toges et se moquent des chlamydes. Platon, lui, ne retient des trajectoires de Thalès que sa chute dans un puits, à force de ne pas quitter des yeux les astres.
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action
Avoir un regard de philosophe ne signifie pas, qu'on doive choisir entre le ciel ou la terre (entre le Socrate de Platon ou celui de Xénophon), mais qu'on puisse agir et connaître sur un mode terrestre et vénérer et rêver sur un mode céleste.
amour,étoile,philosophie,regard,rêve,savoir

amour
L'amour de Platon, l'amour d'Aristote, l'amour du Christ (tendresse, volupté, sacrifice/fidélité - agapé, éros, philia), trois révoltes contre nature, qui, pourtant, constituent l'homme.
artificiel,christianisme,hommes,sacrifice

amour
L'amour est une sacralisation, par un cœur crédule, d'un grandiose sans mérite. L'agenouillement devant l'humain ou le divin, devant la femme ou devant Dieu, la raison désarmée bénissant ma reddition. Loin de l'agapé platonicien (et de sa vérité), proche de la philia chrétienne (et de son humanité), indiscernable de l'éros (et de sa caresse).
caresse,christianisme,cœur,défaite,dieu,femme,hommes,raison,vérité

amour
Le meilleur feu – sentimental, littéraire, héroïque - engendre non pas la lumière, qui est anonyme, mais de belles ombres, comme dans la caverne platonicienne, avec un seul spectateur. L’éclat vaut mieux que la flamme : briller est vain, brûler est peu. Il n'y a que deux perfections : la réalité et le génie. Dans la première - tant de lumière et de froide immobilité ; dans la seconde - tant d'envies de projeter des ombres et d'entretenir le feu montant au ciel.
chemin,éléments,esprit,gloire,immobilité,ombre

amour
Le mystère est présent aussi bien dans l'être du réel que dans le devenir - devenir soit de l'inertie algorithmique (voulue par Dieu, sous forme de science ou d'apprentissage), soit de la création (artistique ou sentimentale). L'invention inspirée paraît se rapprocher davantage du fond du réel que de la représentation rigoureuse ; l'invention, c'est l'imagination non maîtrisée par la volonté ; et quand la poésie anime l'imagination, c'est le beau se fusionnant avec le bon et produisant l'amour, cette poésie de l'imagination. La poésie de l'intellect (Valéry), c'est également de l'invention heureuse. Aimer, c'est s'arracher à l'inertie de la cervelle et se laisser guider par l'invention du cœur. « L'amour est une espèce de poésie » - Platon.
beauté,bien,cœur,continuité,création,être,mystère,poésie,raison,réalité,…

amour
Sois poète avec toute passion : cherche à faire durer ses premiers soubresauts en lui attachant le titre de platonique, suivant l'idée platonicienne - en séparant la musique - des cordes ; la poésie, c'est l'écriture de points d'orgue.
ange,art,idée,ironie,musique,poésie

amour
Dans tout ce qui est simplement humain, il est impossible d'être original ; mais l'inhumain, dans lequel on peut briller ou se singulariser, relève soit de la bête soit de l'ange ; et c'est par une volonté diabolique que s'affirme la pureté angélique. Le médiocre n'est qu'humain : « L'homme n'est ni la bête ni l'ange ; son amour ne doit être ni bestial ni platonique, mais humain » - Bélinsky - « Человек не зверь и не ангел ; он должен любить не животно и не платонически, а человечески ».
absurde,ange,hommes,simplicité,voix

amour
J’aime et je désire non pas à cause des manques (Platon), mais, au contraire, à cause des débordements dans mon cœur, dont mon soi connu n’est pas tout à fait le maître. Mais j’ai aussi mon soi inconnu, pourvoyeur de courants et d’élans, et je suis, aux instants extatiques, ce soi qui me dépasse. Avant que l’objet de mon désir apparaisse, je porte déjà cet élan secret.
auteur,cœur,élan,inconnu,maîtrise,mystère,soi

amour
Dieu réserve aux hommes ordinaires son regard courroucé, pour leur inspirer la peur et le remords ; mais Il leur refuse et l’oreille et la bouche. Pour les amoureux et les poètes, Dieu n’est ni sourd ni muet. À l’amoureux Dieu dicte les caresses, au poète - les mélodies. Traduire ce que n’entend personne d’autres est leur métier commun. « Les poètes ne sont que les interprètes des dieux » - Platon.
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amour
Tout ce qu’on fait au nom de son amour, et même tout ce qu’on en dit, finit, le plus souvent, dans l’insignifiance ; ne reste que l’auréole, autour d’une image désincarnée. « La plus belle déclaration d’amour est celle qui reste inexprimée ; qui a beaucoup de cœur, a peu de paroles » - Platon.
action,cœur,inconnu,mot

platon
Touché par l'amour, tout homme devient poète.
amour
Ce n'est plus jusqu'aux larmes qu'ils sont touchés et pas du tout - par un attouchement ; le devoir social et familial les interpelle, éveille le sens des responsabilités, fait vérifier et comparer les comptes en banques ; et ils ne cessent pas d'être comptables, même devant Monsieur le Maire.
poésie

platon
Un grand amour a toujours quelque chose d'ascétique, un sentiment de proximité et d'éloignement tout à la fois.
amour
On ne sait jamais, s'il faut chercher les sources dans les profondeurs de notre chaos et de nos misères, ou dans la hauteur de nos ailes et de notre regard. Heureux, qui vit de leur fusion, espace d'un matin.
commencement,hauteur,proximité,regard

art
Tous les pré-socratiques furent des poètes, l'hexamètre et non pas le syllogisme est leur élément naturel. Platon commença à injecter de la prose discursive dans l'écrit rhapsodique, qui aurait dû rester essentiellement poétique, pour faire parler nos sens, et le fastidieux Aristote acheva cette chute vers un verbalisme insipide du bon sens.
antiquité,continuité,discursif,ennui,philosophie,poésie

art
À fréquenter les musées plus assidûment que les Muses, on transforme sa Caverne de Platon en grotte de Lascaux, sa flamme en reflets, son Verbe en graffiti.
filtre,mot,ruines

art
L'art de l'éternel est dans la musique, l'objet central d'une bonne philosophie, qui ne peut être que poétique : « Seul le philosophe est poète »* - Nietzsche - « Nur der Philosoph ist Dichter ». Par un malentendu terminologique, pauvre Platon, cet authentique poète, n'entendant goutte à la mathématique, n'invitait à l'Académie que des géomètres, (ceux qui savent évaluer les choses terrestres). Lui, qui n'offrait aux hommes que des mythes, s'en prend à ses confrères : « Je mets au défi les passionnés de la poésie de montrer, qu'elle est non seulement réjouissante, mais aussi bénéfique à la vie humaine ordonnée » - Platon. Mais peut-être le chaos et le spleen sont les seuls éléments, dans lesquels la poésie ne se noie pas.
école,éternité,mot,musique,ordre,philosophie,poésie,science,souffrance,utilité

art
L'étrange surdité du goût chez ceux qui en ont pourtant une bonne vue : Platon préférant les généraux aux poètes, Nietzsche reconnaissant son devancier en Spinoza, Nabokov sélectionnant Robbe-Grillet, Valéry et ses faux modèles de Descartes et de Mallarmé, Cioran en admirateur de Saint-Simon ou Fitzgerald, G.Steiner voyant le plus grand génie du siècle en Proust (qui est pire que Saint-Simon, tout en pratiquant la même tonalité sirupeuse et nauséabonde).
gloire,goût,grandeur

art
Platon, en reprenant les poèmes de Pythagore et Parménide, les dilue avec de l'ennuyeux bourrage abductif, mais en préserve le fond poétique ; la sobriété critique d'Aristote et Kant prouva, quelle profondeur conceptuelle on peut tirer de la hauteur métaphorique ; enfin, vint Heidegger, poète-philosophe, dont le récitatif de l'oubli de l'être n'est que le lamento de l'oubli de la métaphore.
être,idée,métaphore,philosophie,poésie

art
Aujourd'hui, Aristote nous expose surtout des évidences, Platon - surtout des banalités, mais Homère est une éternelle découverte et un étonnement sans fin. La philosophie sans poésie va tout droit aux archives.
antiquité,intelligence,philosophie,platitude,poésie

art
Héraclite se serait moqué des dialogues socrato-platoniciens ; J.Joubert arrachait les pages discursives de tous les livres, y compris de ceux de son ami Chateaubriand ; Nietzsche riait des pâles chinoiseries kantiennes ; Valéry baillait sur les marquises de Proust ou sur les cinq heures de Bergson. La philosophie est une matière littéraire ; la littérature ne vaut que par son côté poétique ; la poésie est un hymne à la musique ; la musique est faite de métaphores mélodiques et rythmiques ; la métaphore verbale s'identifie avec la maxime.
maxime,métaphore,mot,musique,philosophie,poésie

art
L'art : la transposition de ce qui se pense dans ce qui s'exprime ; la science, c'est presque le contraire : passage de ce qui s'observe à ce qui existe. D'après Platon, l'arithmétique doit « faciliter à l'âme sa conversion du devenir à l'être » - Platon.
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art
La métaphore règne aussi bien en poésie qu'en prose et en philosophie ; elle s'attaque, respectivement, au langage, à la représentation ou à la réalité. Les plus connues des métaphores de la réalité : Dieu (pour tous les angoissés), l'Être (de Parménide à Heidegger), l'Idée (Platon), les catégories (Aristote), la perfection (de Spinoza à Valéry), la pensée (Descartes), la chose en soi (Kant), la volonté (Schopenhauer), l'intensité (Nietzsche).
angoisse,dieu,élite,être,métaphore,mot,philosophie,poésie,réalité,représentation

art
L’œuvre d’art est un double palimpseste : sa couche ultime est langagière, en-dessous de laquelle se trouve la représentation ; celle-ci, à son tour, reproduit la réalité – le Beau, le Vrai, le Bien platonicien - pour qui, pourquoi, pour quoi. Pour Platon, le travail d’artiste n’est que de la mimesis ; c’est pourquoi il se trompe : « L’imitation est bien loin du vrai », le vrai surgissant toujours d’un modèle de la réalité, jamais de la réalité elle-même.
beauté,bien,langue,proximité,réalité,représentation,vérité

art
On ne trouve de vrais rêveurs que chez Héraclite et Platon, Goethe et Byron, Dostoïevsky et Nietzsche ; tous les autres, avant, pendant ou après ceux-là, y compris leurs épigones, ne peignent que des bavards réalistes ou des pédants abstractionnistes.
réalité,rêve,savoir

art
Plus haute est l’harmonie musicale – dans les notes, les mots, les coups de pinceau, les pensées – plus profonde est l’émotion qu’elle provoque chez les âmes sensibles. « Le rythme et l’harmonie pénètrent irrésistiblement au plus profond de l’âme » - Platon.
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platon
La musique donne au monde une âme, à l'âme - des ailes, à l'imagination - un vol.
art
Elle nous apprend que la hauteur n'est peut-être pas la patrie de notre esprit, mais dès que nous en vivons l'exil ou la chute, nous nous découvrons une âme.
âme,esprit,exil,hauteur,musique,nature

bien
On passe dans le camp du mal, chaque fois qu'on préfère au rêve - un acte : « Les bons sont ceux qui rêvent ce que les méchants font »** - Platon. Nous sortons tous ex-æquo de l'épreuve des actes ; c'est le rêve qui, seul, nous fait pressentir la troublante présence du Bien, au fond de notre moi immobile.
action,mal,rêve,soi

bien
Le Bien n'est peut-être que sym-bolique, l'Un platonicien ; c'est dans le multiple, le dia-bolique, que s'incarne le mal. La parabole va au symbolique, l'obole sied au diabolique. C'est pourquoi l'inventeur de nouvelles variables - le créateur d'inconnus de Nietzsche - cherche dans l'unification un rachat ou un équilibre. « L'harmonie est l'unification, la pensée commune de ce qui pense séparément »*** - Pythagore, qui mérite vraiment son titre d'Apollon Hyperboréen !
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bien
Les dogmatiques de tout poil pensent que, en agissant, ils engendrent soit le Bien soit le mal ; la-dessus, ils suivent, étourdiment, le mal-inspiré Platon : « Les bons sont causes du Bien, hors de cause pour tout mal ». On peut être dans le Bien, jamais - le faire.
action,mal

bien
Je me projette vers l'extérieur - je suis inondé de honte d'engagement ; je me recroqueville à l'intérieur de mon âme - j'y bois la pureté de dégagement. De la rencontre entre ces deux regards naît la sagesse ; Platon se montre bigleux en opposant le philosophe aux coupables et aux âmes saintes.
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bien
Pour Nietzsche, au-dessus, ou mieux, au-delà de tous les axes, Bien - mal, puissance - maladie, nihilisme - acquiescement, surhomme - dernier homme, seigneur - esclave, ce qui compte, c'est la mesure dite intensité, la pose, véhémente et incohérente, et non pas une position, sobre et argumentée. Pour se permettre d'être impitoyable et éhonté, par combien de hontes et de pitiés avalées a-t-il dû passer ! Et de même, Platon, avec ses diatribes contre la démocratie et les poètes dans la cité. On ne connaît que trop les positions des philosophes ; on n'en connaît pas assez les poses. De Vinci ou Valéry, apportant à l'art davantage d'intensité, en incluant la science au même axe artistique. Héraclite, chantant l'harmonie d'opposés.
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bien
La confusion entre être bon et être bon pour quelque chose (confusion héritée, peut-être, de Platon et de son agathon : « L'essence de l'idée platonicienne est de rendre bon pour quelque chose » - Heidegger - « Das Wesen der idea ist, tauglich zu machen »), elle explique la perte de prestige du Bien en Occident ; le russe, avec ces deux termes nettement séparés (хороший et добрый), continue à y voir quelque chose de sacré.
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bien
Le bon est celui qui a de la pitié pour les rêves et de l'ironie pour les actions ; le méchant est ironique avec des rêves et impitoyable dans l'action. « Les bons sont ceux qui se contentent de rêver ce que les méchants font en réalité » - Freud - « Die Guten sind diejenigen, welche sich begnügen von dem zu träumen, was die Bösen wirklich tun ». En plagiant Platon, tu donnes trop de sens aux rêves (qui doivent rester mélodies insensées) et pas assez - aux actions (qui n'ont que du sens sans mélodies).
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bien
Toutes les idées (qu'elles soient scientifiques, esthétiques ou mystiques) peuvent se réduire soit à une abstraction dans une représentation, soit à une corporéité dans un acte. Une seule exception, et là je suis d'accord avec Platon, - l'idée du Bien, qui fuit le concept, mais fuit encore plus - la réalité de la matière, des esprits ou du temps. On sait où résident l'amour, la noblesse ou l'intelligence, on ignore tout de la demeure du Bien ; c'est un foyer sans portes, toits, murs ou fenêtres, d'où ne part aucun chemin, aucune lumière, contrairement à la vision platonicienne : « L'idée du Bien donne l'être et l'essence aux autres idées » - (pour toi, est bien ce qui te fait du bien – pitoyable !) - toute la splendeur du Bien est tournée vers l'intérieur, vers notre âme. Ni l'intelligence ne peut procéder du Bien, ni l'âme ne peut émerger de l'intelligence.
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bien
Jadis, la honte visitait tous les puissants, et ils s'en débarrassaient à coups d'aumône à quelques artistes ou laboureurs de passage. Aujourd'hui, la conscience tranquille s'achète gratis ; il suffit de ne pas contrevenir aux Codes fiscal et pénal, pour se considérer homme de bien ; sans être bons, ils font le Bien, en payant, honnêtement, leurs impôts. « Il est impossible d'être, en même temps, riche et bon » - Platon.
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bien
Quand je vois, chez moi, le poids décisif de mes contraintes, la plongée exclusive dans mes ombres et le refus du Bien de se fier à mes bras, je suis tout confus de me retrouver à l'opposé de l'auto-épitaphe de A.Blok : « Il fut enfant du Bien et des lumières, et chantre de la liberté ! » - « Он весь - дитя добра и света, он весь - свободы торжество ! ». Pour me livrer aux jeux des ombres, je bâtis mes ruines, ma propre Caverne, pour dire, comme Platon : « Aucun poète n'a encore chanté d'hymne en son honneur ».
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bien
Les Idées pour Platon, Dieu pour Spinoza, le Beau et le Bien pour moi-même, ce sont des essences sans existence, des contraintes sublimes sans fins atteignables, l'exercice et la volupté de notre liberté, la musique interne naissant de la lecture mystique des notes indéchiffrables externes.
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bien
L'humanisme, c'est la découverte du Bien et du Mal – Rousseau, Nietzsche, Tolstoï – la morale. Aristote, Platon, Jésus, Spinoza ne parlent que du bon et du mauvais – l'éthique.
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bien
Ce qui augmente notre puissance correspond à notre intérêt bien banal, bien calculé ; définir cette augmentation comme le Bien même est une goujaterie, dans laquelle tombe Nietzsche (après Platon). Non seulement le Bien ne découle d'aucune force, il ne découle même d'aucune faiblesse ; il est la seule voix divine, ne laissant d'écho ni dans nos actes ni dans nos idées.
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bien
Si les sophistes et Nietzsche effacent la frontière entre le Bien et le mal (die Grenze zwischen Gut und Böse verwischt sich), cela ne veut pas dire, que la vie en soit entachée au même point, mais que, au royaume des actes, cette frontière est impossible à tracer ; mais devant la conscience et devant les mots, cette frontière est chaque fois recréée et redessinée avec netteté, par la sensibilité ou par le talent. Platon et Aristote nous ennuient avec leurs valeurs ou prix fixes, tandis que ce sont des vecteurs à variables (des arbres ! ) qui décrivent mieux le monde.
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bien
Le ton, qui convienne le mieux, pour sonder le Bien ou relater l’amour, c’est le désespoir ou la résignation, le ton que trouvent Nietzsche ou Tchékhov ; Platon, en y mêlant la pensée grave ou l’Idée légère, profane les deux.
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bien
Le savoir est presque tout dans le Vrai, n’est qu’un vocabulaire dans le Beau, n’est rien du tout dans le Bien. L’idée du vrai est la logique, l’idée du Beau est l’esthétique, l’Idée du Bien est la mystique (l’éthique n’en est que tentative d’application, toujours ratée). Platon : « L’Idée du Bien est la plus haute des connaissances » - confond la connaissance avec la conscience.
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bien
Du point de vue éthique, on arrive, tôt ou tard, à cette affligeante conclusion : ce qui agit, ce ne sont ni les idées (Platon), ni l’âme (Spinoza), ni l’esprit (Leibniz), mais bien les bras, l’intérêt, le calcul – ideae mensque non agunt. Les métaphores n’ont aucun poids en éthique ; comme la gentillesse – en esthétique.
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bien
Chez les philosophes, rien d’intéressant ne fut jamais écrit sur la nature divine du Bien, qu’il soit idéel (Platon) ou souverain (Aristote) ; ils parlent de justice, de bonhomie, d’utilité, de bonheur, ces tentatives louables de ne pas être un salaud, mais qui n’ont rien à voir avec l’appel, ardent mais inarticulable, du Bien, qui ne peut jamais quitter son unique demeure, le cœur (et ceci est proprement divin), et se traduire en actes.
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platon
Ce qui procure le bonheur, c'est de posséder la science du Bien et du mal.
bien
Plus mes pensées, plutôt que les actes, s'occupent du Bien, plus malheureux je serai. Il faudrait assigner la bonté à sa résidence naturelle – le cœur (muni d'une créativité, il devient âme). Laisser la pensée - désincarnée. Ainsi j'éviterai d'être le mouton de chair ou le robot de chaire. Le cœur en proie au doute ne doit pas céder au cerveau en quête de certitudes. Le possessif cérébral évince le captatif cordial. La douce ou amère faiblesse des rythmes ne doit pas se muer en force insipide des algorithmes. La science s'inculque et la pensée fuit. À moins qu'on ne fasse que viser sa cible, sans lâcher de flèches : « La philosophie devrait ne viser que la science du Bien et du mal » - Sénèque - « Scientia bonorum et malorum, quae sola philosophiae competit ». Une bonne gymnastique, pour se préparer aux chutes mal amorties et à la honte des pas trop sûrs.
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cité
Le pouvoir des marchands, tout naturellement, a la tendance de devenir pouvoir des experts, mais le pouvoir des artistes, inévitablement, se mue en pouvoir des ignares. Ce n'est pas aux musiciens d'appeler le peuple dans des salles de concert, mais aux imprésarios. « Les compositeurs, avec leur nature des poètes, ignorent la justice de la Muse » - Platon.
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cité
À la question Qui doit régner ? Platon, Marx et Gobineau n'apportent que des réponses métaphoriques et des vœux pieux, puisqu'il est clair, que ce seront toujours des voyous, qu'ils soient aristocratiques, prolétaires ou héroïques. Le voyou démocratique est le seul à ne pas se reproduire et à ne pas voir dans des non-voyous ses ennemis mortels ; c'est pourquoi il le faut préférer aux autres voyous.
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cité
Dans les jeux de mots de Heidegger, il y a autant d'intelligence et de rigueur qu'il s'agisse de l'essence de l'Être ou de l'allégeance au maître (Adorno remarque là-dessus, que « l'Être est le Führer ») - comme Platon à Denys le tyran, Boèce au grand Théodoric, Kant à son Dieu des Évangiles, Hegel au roi de Prusse, Sartre à Staline. Tous reconnaîtront l'indigence du second discours, mais le premier continue à séduire le public. En tout sujet, sur lequel il se prononce, le philosophe déploie le même don et prouve la même hauteur. Et Heidegger, en oubliant cette dimension, triche, en justifiant le Führerprinzip (que les nazis copièrent sur les bolcheviks – principe de direction uniqueединоначалие) par une détermination plus profonde et par le devoir plus large (la volonté de grandeur débouchant sur le pas cadencé ! - der Wille zur Größe - das Schrittgesetz). Il y rate une occasion de se taire et se comporte en Socrate ou Pyrrhon, qui se seraient mis à écrire.
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cité
La prétendue aristocratie politique relève de la goujaterie ; je préfère, à son égard, la hautaine mésestime d'Épicure à la basse apologie de Platon. Tout philosophe se doit d'être un homme de trop.
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cité
Les despotes invoquent le bonheur, les ochlocrates – le patriotisme, les démocrates – la liberté. « Il y a un langage pour chaque régime politique : un pour la démocratie, un pour l'oligarchie, un pour la monarchie » - Platon.
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cité
Quel philosophe est considéré aujourd'hui, par les instances académiques, pur et authentique ? - celui qui remâche infiniment les inepties de Spinoza, Hegel, Husserl. Imaginez l'horreur d'un État, qui serait dirigé par de tels bavards ou robots ! Ce fut pourtant le rêve de Platon.
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cité
Platon, comme Nietzsche, voient dans la société le milieu naturel, dans lequel doivent s'exercer les tâches les plus nobles d'une aristocratie. Ces tâches n'existèrent jamais. Ne sont aristocratiques que les contraintes. De plus, le milieu aristocratique, c'est la solitude, où la création est portée à maturité, dans la rencontre de l'ironie avec la pitié (le sérieux et la justice s'y opposent). Tout vrai philanthrope est agoraphobe.
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cité
Après les paradis du passé : l'idylle de l'Arcadie (Homère), les règnes de Cronos (Hésiode) ou de Chronos (Platon), vinrent les paradis du futur : les îles Fortunées (Pindare), l'au-delà chrétien (la Bible), l'avenir radieux communiste. Que le romantisme, ce paradis du présent, est plus solide ! Le bonheur, c'est l'élan vers l'inexistant, créé et embelli par moi-même.
bonheur,christianisme,création,inconnu,romantisme,temps

cité
Les hommes nobles, dans leurs recherches de la hauteur, sont souvent attirés et induits en erreur par l'ampleur des actes des princes de ce monde. À la fin, les défauts des cervelles et des bras de ceux-ci, près des horizons, sont pris pour la trahison du firmament des âmes de ceux-là. Platon, Gracián, Machiavel, R.Debray, dans leurs récits du réel politique, ne nous apprennent rien, leurs chants de l'irréel poétique gardent toute leur rafraîchissante valeur. Ils eurent des rêves, résistant à toute épreuve par l'ingrate et décevante action.
action,âme,danse,enthousiasme,erreur,hauteur,noblesse,poésie,réalité,rêve

cité
De l'effet désastreux de la ponctuation dans les affaires des hommes : la substitution au point d'interrogation (expliquant le monde à la Platon) du point d'exclamation (modifiant le monde à la Marx). Les analyseurs syntaxiques non-monotones s'égarent et le sens, guidé par les synthétiseurs pragmatiques monotones, s'en désolidarise.
hommes,question,utilité

cité
Jules César se voulait historien, Néron – acteur, Marc-Aurèle – moraliste. Leurs homologues modernes se voient et se comportent en gérants d’entreprises lucratives. Aristote, Platon, Sénèque, Boèce, leonard et même Malraux ou R.Debray furent amis du Prince. Aujourd’hui, c’est le journaliste qui a la faveur des Chefs gestionnaires. Et si ceux-ci avaient raison, l’art étant mort ?…
antiquité,argent,art,modernité,mort

platon
Un seul et unique chemin conduit au salut public, à savoir l'égale répartition des biens.
cité
On peut appuyer cette espérance par un fait religieux : « Le marxisme est une religion du salut collectif de l'humanité » - Berdiaev - « Марксизм - это религия коллективного спасения человечества ». L'appel de fraternité gémit quelque par dans notre âme bicéphale, intime et tribale. Hardiment, j'y préconise un chaud chaos du bien. Le salut public - ou plutôt son ordre froid ! - se reconnut dans le culte du mérite, euphémisme né dans le troupeau ; dans la jungle ancienne il s'appelait privilèges. Valéry : « L'idée que la vertu doit être récompensée ruine toute vertu »***.
âme,bassesse,bien,chemin,consolation,fraternité,gloire,justice,mouton,ordre,…

platon
Les royaumes sont heureux, où les philosophes sont rois et où les rois sont philosophes.
cité
Ni Marc-Aurèle ni Plotin ne nous apprennent quoi que soit sur le bonheur ou les malheurs de leurs royaumes ; stoïciens et platoniciens se moquent des jérémiades ou exaltations externes et n'écoutent que la sérénité interne ; ils savaient et calculer et peindre. Être philosophe attitré, de nos jours, c'est savoir bien calculer, là où le bonheur incalculable fait rage.
antiquité,bonheur,modernité,philosophie,raison

doute
Ce qui est le plus fécond, ce n'est ni la solution issue des réponses, ni le problème entrant dans des questions, mais le mystère jaillissant des images. Comme le Parménide ou la Caverne de Platon, ou la Procession plotinienne, ou l'éternel retour nietzschéen. Et la réalité, que nous ne pouvons appréhender qu'en images ou en tropes, n'est pas moins mystérieuse.
continuité,création,éternité,mystère,question,réalité,retour,ruines,style

doute
La sagesse et la puissance sont tout de maîtrise des contraintes et très peu de savoir des sources et fins. Déjà, Platon voyait dans l'égocratie, ou la maîtrise de ses propres contraintes (la tempérance), – le plus haut des biens. Parmi les contraintes : la méconnaissance de soi et la maîtrise d'autrui - presque le contraire de Lao Tseu : « Connaître autrui est intelligence ; se connaître est sagesse. Maîtriser autrui est force ; se maîtriser est puissance ».
bien,contrainte,esprit,force,intelligence,maîtrise,philosophie,savoir,soi

doute
Aucune sophistique ne pallie le mauvais goût ; mais le bon goût conduit toujours à une sophistique extérieure, en délicat équilibre avec la dogmatique intérieure. Le dogmatique est celui qui enflamme son esprit des croyances ; « le sophiste est celui qui purifie son âme des opinions » - Platon.
âme,esprit,fanatisme,goût,ordre,philosophie

doute
Pour percer le mystère de la lumière en soi, nous sommes réduits à la Caverne platonicienne ou aux phénomènes kantiens ; mais le mystère de la vie fait partie de la réalité lumineuse, tandis que le vrai gouffre se trouve entre le mystère réel, comprenant les phénomènes, et le problème de la représentation, dans laquelle lumière et ombres ont le même statut. C'est la solution langagière qui nous escamote et déforme cette triade.
langue,mystère,ombre,philosophie,réalité,représentation

doute
La lecture d'Héraclite ou Platon : leur logique enfantine n'empêche pas leur poésie à vous atteindre ; la lecture de leurs collègues contemporains : une lourde pseudo-logique, qui vous envahit sans aucune promesse poétique - une terrible conséquence de la traduction d'images fluides en concepts secs.
antiquité,idée,modernité,philosophie,poésie,raison

doute
L'espérance rationnelle ne peut être que sophistique, comme le désespoir irrationnel veut être cynique ; c'est pourquoi mon espérance doit être irrationnelle et mon désespoir - rationnel. Il faut savoir donner tort à Platon, face aux sophistes, et à Descartes - face aux scolastes.
antiquité,espérance,fanatisme,moyen âge,philosophie,savoir

doute
La fonction première de la philosophie est de me donner des raisons de m'étonner ; une fois l'étonnement solidement installé, je peux l'appliquer à la vérité, à la musique ou au rêve ; l'étonnement est l'instrument, et moi - compositeur, interprète ou auditeur. Depuis Platon et Aristote, beaucoup pensent, que « la vraie attitude philosophique est étonnement devant le monde »** - Merleau-Ponty.
auteur,étonnement,musique,philosophie,rêve

doute
Que valent les lumières fixes que nous apportèrent Euclide, Newton ou Einstein, à côté des ombres mouvantes, que nous admirons, depuis des siècles, dans les cavernes de Platon, de Bouddha ou de Zarathoustra !
antiquité,immobilité,ombre,science

doute
Les soi-disant systèmes philosophiques sont des leurres, créés par des commentateurs ; les édifices des fragmentaires (Héraclite, Platon, Pascal, Nietzsche, Valéry) ne sont pas moins bien membrés que ceux des globalisants (Aristote, Spinoza, Hegel, Sartre) ; je dirais même que la part des balbutiements et des tâtonnements est plus importante chez les seconds, tandis que la qualité des métaphores est nettement supérieure chez les premiers.
continuité,élite,maxime,métaphore,système

doute
Les preuves de Platon sont ridicules, mais ses mythes sont admirables. Ce bel exemple d'une bonne démarche elliptique ne fut suivi que par Jésus (en paraboles) et par Nietzsche (en hyperboles). La faillite des autres s'explique davantage par un manque de talent littéraire que par des lacunes de leurs preuves.
art,défaite,philosophie

doute
Sans l'ironie et le nihilisme, nos certitudes finiraient par éteindre tout regard dans nos yeux. L'art de la conversion ironique, dans lequel Platon voyait le sens de l'allégorie de sa Caverne. La ténèbre de la mort n'embellit ni la lumière de la vie ni les ombres de l'écriture ; elle ne communique qu'avec la folie.
art,fanatisme,filtre,folie,ironie,mort,nihilisme,ombre,pitié,regard,…

doute
La bonne musique naît des gammes larges, elle est la démesure par rapport à la musique des autres ; si je cherche la mesure platonicienne dans la finalité, dans l'égale distance entre l'exagération et l'inachèvement, entre l'excès et le défaut, je risque fort de me retrouver dans la platitude ; je dois composer au nom des commencements hyperboliques, c'est à dire des rythmes de mes sources. « L'exagération doit être continue » - Flaubert.
auteur,commencement,continuité,musique,platitude,voix

doute
Celui qui ne comprend pas le concept de l'infini mathématique est incapable de raisonner sur la notion de l'infini philosophique ou sentimental. Platon ne comprenait ni Zénon ni Pythagore, comme Hegel ne comprenait ni Newton ni Leibniz, d'où leurs délires sur la limite et l'illimité (péras et apeiron).
frontière,idée,inconnu,intelligence,philosophie,science,sentiment

doute
L'âme serait créée avant le corps (Platon) et aurait pour siège le cerveau ; l'âme ardente serait dans le cœur (Aristote), pour équilibrer le froid cerveau ; l'âme serait à la couture entre le cerveau et le corps (Descartes), dans une glande pinéale ; la théorie du transfert des soupçonneux nous la ferait croiser jusque dans le bas-ventre. Où qu'on loge le regard, ce n'est pas aux yeux d'en dicter la hauteur.
âme,cœur,raison,regard,système

doute
Signe de sottise : l'accord systématique avec soi-même. L'accord chaotique l'est davantage. Il faut que l'accord naisse dans le mot, effleure la chose et meure dans l'idée. Le soi se dilue dans le mot en soi, dans l'idée en soi (Platon) dans la chose en soi (Kant).
idée,mot,ordre,réalité,soi,système

doute
Deux porte-voix possibles, pour m'exprimer : le soi connu ou le soi inconnu. Mes maîtrises et mes expériences, ou mes perditions et mes rêves ? Dois-je coller mon verbe à mon corps et à mon esprit, pour qu'il en soit solidaire, ou bien dois-je créer un personnage imaginaire, en contact mystérieux avec mon âme irresponsable, tenant des propos imprévisibles ? Je penche pour le second choix, mais ce que furent Socrate pour Platon, Zadig pour Voltaire, Zarathoustra pour Nietzsche, s'appelle, chez moi, - mon soi inconnu.
âme,auteur,esprit,inconnu,maîtrise,mystère,rêve,soi

doute
La science crée des représentations objectives et fidèles de la réalité ; la vie pratique déclare droits et vrais les plus courts chemins entre le représenté et le réel ; l'art introduit ses métriques subjectives. « Lorsqu'on vise ce qui est important, les détours sont nécessaires » - Platon – dans l'art, c'est la qualité des détours qui détermine l'importance de la visée.
art,chemin,création,élite,grandeur,réalité,représentation,science,vie

doute
Le savoir a deux stades : la représentation (le libre arbitre d'une synthèse) et le sens (la liberté de donation de sens à l'analyse de la représentation). Platon ne respecte pas la règle ockhamienne : de ses quatre facteurs – le nom, la définition, la représentation, la science – le premier n'est qu'une étiquette, collée à une représentation, et la définition fait partie de la représentation.
intelligence,interprétation,liberté,mot,représentation,savoir,science

doute
Il y a un devenir naturel, fatal et dévastateur, et un devenir humain, créateur et intense. Le scientifique perçoit dans le premier des manifestations de l’Être quasi-éternel, qu’il modélise, objectivement, - la science est ontologique. L’artiste poétise, subjectivement, cet Être, pour constituer le flux de son devenir esthétique – l’art est poétique. Et puisque toute ontologie se réduit aux nombres, « pour faciliter la conversion de l’âme du Devenir au vrai Être, rien ne vaut la contemplation de la nature des nombres » - Platon. L’âme ainsi convertie s’appellera esprit.
âme,art,beauté,création,esprit,éternité,être,hommes,poésie,science

doute
Une évidence : le mystère de notre origine et de notre finalité restera à jamais voilé ; nous n’avons aucune clé rationnelle, aucun sésame n’y prêtera main forte ; toute tentative de le rationaliser est de la superstition ou du charlatanisme. Mais on constate, hélas, qu’ils sont peu, ceux qui persistent à ne pas connaître l’inconnaissable, comme diraient Platon ou Aristote.
commencement,hommes,mystère,savoir

doute
Il n'y a rien à réfuter chez un Spinoza - c'est du verbiage gratuit, prétentieux et creux ; mais essayez de réfuter Nietzsche ! - c'est toujours passionnant et exige une grande rigueur ; pourtant, c'est lui qui se moquait le plus des rigoristes, comme Platon - des poètes ; mais c'est bien chez ces deux-là qu'on trouve de la rigueur et de la poésie.
négation,poésie,science

doute
La Caverne de Platon et le souterrain de Dostoïevsky nous apprennent la résignation ; le premier – devant les limites humaines, le second – devant les limites divines.
acquiescement,dieu,frontière,hommes

doute
Peut-être, l’ange et la bête ne sont pas nos deux facettes intérieures, mais deux genres de gardiens extérieurs de notre âme, et le but de notre existence serait de nous confier à un ange. Si l’on rate cette gageure, c’est, fatalement, la bête, c’est-à-dire le daemon platonicien, qui prendrait sa place. Et ce serait pour toute la vie, soit celle de nos actes soit celle de nos idées. Serions-nous un jouet de cette fatalité céleste ?
action,âme,ange,défaite,être,idée,vie

platon
Le destin : cheminement de l'inconnu vers l'inconnu.
doute
La banalité : du connu vers le connu ; la connaissance : de l'inconnu vers le connu ; le rêve : du connu vers l'inconnu (a notis ad ignota). Si l'on élimine de l'inconnu le connaissable, il ne resteront que des sommets séparés ; aucun cheminement n'y est plus possible, il faudra faire appel au vol, - ce sera le rêve, plus haut que tout destin.
chemin,étoile,hauteur,inconnu,platitude,rêve,savoir

cicéron
Errare mehercule malo cum Platone, quam cum istis vera sentire.

Ma foi, il vaut mieux se tromper avec Platon qu'avoir raison avec ces hommes.
doute
D'autres, plus naïfs et méprisants, préfèrent rester avec la vérité austère et désincarnée qu'avec l'amitié vivante et joyeuse de Platon.
élite,erreur,haine,hommes,simplicité,vérité,vie

hugo v.
Vous voyez l'ombre, et moi je contemple les astres :
Chacun a sa façon de regarder la nuit.
doute
Ce qui t'oppose à Platon ! L'un des services qu'on peut demander à la contemplation de la nuit, c'est de rendre plus supportable le jour. Le jeu des ombres, ici, est plus enchanteur que la lumière des enjeux. Entre-temps, le goût se déplaça du contemplatif vers le digestif : « Je m'en vais dîner. Et moi, je vais me retirer pour mes contemplations nocturnes » - les derniers mots de la Bestia trionfante de G.Bruno (« Me ne vo a la mia cena. Ed io mi ritiro a le notturne contemplazioni »).
défaite,étoile,goût,jeu,ombre,regard

hommes
La dé-cadence n'est pas une chute quelconque (hors d'un occulte être, vers un occulte étant), elle est l'insensibilité aux meilleures cadences, aux convulsions et exultations. La chute des âmes perdant leurs ailes (Platon).
âme,amour,défaite,être,intensité,musique

hommes
Si l'on prend à la lettre la vision de Platon et d'Aristote, l'homme le plus heureux aujourd'hui serait un beau cadre homo, toujours en compagnie des copains ou haranguant des garagistes. « Sokrates war Pöbel » - Nietzsche (et Platon - Cagliostro). D'autre part, notre axiologue anti-dialecticien voyait en Socrate et en Jésus des consolateurs de la médiocrité, donc des philosophes.
bonheur,consolation,mouton,philosophie,platitude,solitude

hommes
Je m'aperçois que ma dyade - le rythme (le moi désirant) contre l'algorithme (le moi calculant) - doit être élargie à la triade platonicienne, pour inclure le thymos, le désir de la reconnaissance (la monade hégélienne, le moi grégarisant).
auteur,élan,musique,raison,reconnaissance,robot,soi

hommes
Le robot actuel découle tout droit du rêveur du XVIII-ème siècle ; la poésie se trouve à l'origine de tous les grands courants ; rien de plus instructif que ce parcours - les poètes : Héraclite, Parménide, Pythagore ; les vulgarisateurs : Platon, Épicure ; les professionnels : Aristote, Kant. La taverne, la caverne, la caserne.
école,modernité,philosophie,poésie,robot

hommes
Quand la production succède à la création, les formes platoniciennes de l'art - l'icône (pour le cœur), l'idole (pour la raison), le fantasme (pour l'âme) - se dévitalisent et se banalisent ; il ne restent que des pièces fractales et inertes d'un puzzle ou d'un circuit.
âme,art,cœur,raison,robot,style

hommes
Le rôle subordonné du temps, chez les vrais sages, d'où des ressemblances apparentes de leurs images, pourtant purement spatiales ; c'est ainsi qu'on proclame Platon avant Tertullien - inventeur de la Sainte Trinité, et décèle, chez lui-même, des traits des brahmanes, des fakirs ou des mages.
asie,christianisme,école,philosophie,temps

hommes
Si les vrais maîtres avaient gouverné la cité, la première mesure, qu'ils auraient prise, serait d'imposer l'égalité matérielle (répartition équitable de Némésis, égalité géométrique de Platon ou l'égalité arithmétique d'Aristote), pour se réjouir ensuite, en toute impunité, de l'inégalité spirituelle. Mais c'est la plèbe qui est au gouvernail, et son premier souci est de maintenir l'écart entre les pauvres et les riches, car la course à l'argent est sa première joie.
argent,bassesse,égalité,élite,esprit

hommes
Imaginez Platon, se cramponnant à sa cire et à son stylet et brocardant l'infamie technocratique des inventeurs du papier (comme Chateaubriand et Vigny maudissant la locomotive à vapeur) - c'est pourtant ce que font nos intellectuels geignards et aigris, face à la joyeuse avancée du gai savoir des ordinateurs. L'affreux Gestell de Heidegger n'est pas en salle-machine, il s'incruste dans vos circuits mentaux sans courant de rêve ! Le triomphe du robot, chez les hommes, n'est ni extérieur ni technique, mais intérieur et psychique. Moi, charlatan de mon étoile, dois-je m'effaroucher, puisqu'on se met à explorer les astres ?
antiquité,auteur,étoile,modernité,raison,rêve,révolte,robot,savoir

hommes
L'utilitaire, au détriment de l'imaginaire, cette dérive peut frapper même les artistes eux-mêmes. Les mêmes sentiments troubles furent à l'origine des boutades platoniciennes contre Homère ou des grognes tolstoïennes contre Shakespeare (Goethe et Nietzsche, deux autres de ses frères, subirent les mêmes foudres – qui aime bien punit bien) : « Une paire de bottes vaut mieux que tout Shakespeare » - Tolstoï - « Пара сапогов ценней всего Шекспира ». Soit on y voit l'ennoblissement du bottier, soit l'un des plausibles ressorts de la plume shakespearienne, la honte. Les besoins des pieds seraient-ils plus vitaux que ceux des narines : « J'ai essayé de lire Shakespeare, et je l'ai trouvé si niais, que j'en ai eu la nausée » - Darwin - « I tried to read Shakespeare, and found it so dull that it nauseated me » - et Wittgenstein fut aussi intraitable, face à l'immoralisme shakespearien.
art,honte,intelligence,ironie,utilité

hommes
La transcendance algébrique ou l'immanence géométrique détournent l'homme de son seul infini, du soi inconnu, blotti dans sa Caverne, origine de la mesure humaine. « Au commencement, le feu, l'eau, la terre et l'air ne connaissaient ni raison ni mesure, en l'absence de Dieu » - Platon.
balance,commencement,éléments,inconnu,philosophie,religion,soi

hommes
C'est Platon et non pas Berlioz qui avait raison : le monde est une Caverne, c'est à dire un écran, et non pas un théâtre, c'est à dire des rôles appris. On a fini par comprendre que la scène et le parterre émettent des images identiques, dans une caverne moderne.
représentation,vérité,vie

hommes
Pour couper court à leur obsession de l'authentique, il suffit de rappeler, que les plus belles leçons de noblesse et de sagesse, le socratisme et le christianisme, furent mises par Platon et les évangélistes dans la bouche de deux personnages, qui, probablement, n'ont rien à avoir avec les deux hommes réels, Socrate et Jésus.
authenticité,christianisme,réalité

hommes
À qui s'appliqueraient ces qualités : la fermeté, la loyauté, l'intégrité ? - je verrais un exécutant de basses œuvres ou un comptable. Mais pour Platon, elles caractérisent la vraie philosophie ! Là, où moi, je m'attendrais à l'élasticité, au goût du sacrifice, à la pensée fragmentaire.
auteur,maxime,philosophie,sacrifice

hommes
C’est l’extinction des âmes qui explique l’absence des grands sentiments. Les corps ne communiquent plus qu’avec les esprits ; les minables tracas corporels s’allient avec la médiocrité spirituelle, tandis que, jadis, « toute jouissance et toute souffrance clouaient l’âme au corps » - Platon.
âme,bonheur,esprit,modernité,sentiment,souffrance

hommes
Avec l’anglicisation du monde, on gagne bien en savoir et en pouvoir ce qu'on y perd en vouloir et, surtout, en valoir. On a le savoir, on n'a plus le désir ; désavoués, Platon qui désire savoir, moi qui sais désirer. Et Borgès se trompe de diagnostic : « Au fil des ans, nous sommes passé du français à l'anglais et de l'anglais - à l'ignorance » - « Con el decurso de los años pasamos del francés al inglés y del inglés a la ignorancia ».
angleterre,élan,erreur,france,maîtrise,savoir,valoir

hommes
Le constatataire l'emporta sur le contestataire ; le doigt d'Aristote, de l'École d'Athènes, pointant la terre, ridiculisa le doigt de Platon, invitant le ciel ; seul le terrestre sert désormais de justification à toute quête du céleste.
antiquité,défaite,étoile,modernité,raison,rêve

hommes
Il y a autant de sots que de sages, qui auraient pu répéter le mot de Platon : « Tant de choses dont je n’ai pas besoin ». Les premiers – à cause de leur inconscience et de leurs besoins primitifs ; les seconds – à cause de leurs contraintes bien conscientes et personnelles.
contrainte,intelligence,voix

hommes
L’âme est ce qui dirige ton regard sur ton étoile ; l’extinction des âmes, aujourd’hui, s’explique par la tyrannie du sens, que seul l’esprit trace et en fait des sentiers battus, même pour les aveugles. « Quand on a son bon sens, il est inutile de frapper aux portes de la poésie »** - Platon.
âme,chemin,esprit,étoile,modernité,poésie,raison,regard

platon
L'homme n'est pas un arbre terrestre mais céleste, qui, à partir du cerveau, comme d'une racine, se dresse vers la hauteur.
hommes
Le cerveau dressé vers la hauteur s'appelle âme ; penché vers la profondeur, il devient esprit. Mais les hommes d'aujourd'hui, les amples, ne se servent de leurs cerveaux que pour former de vastes et plats réseaux de robots, aux nœuds interchangeables. On est un arbre, quand on est Ouvert aux unifications, grâce à ses variables et à ses ombres, qui sont ses points de départ.
âme,arbre,hauteur,ombre,ouvert,platitude,raison,robot,voix

intelligence
La mort me révèle le mystère de l'être, qui donc est bien représenté dans le temps (Heidegger), mais je ne peux l'interpréter que dans l'espace : en le ravalant dans l'étendue de ses idées (Platon), en le dévoilant dans la profondeur de sa vérité (Aristote), en m'envolant vers la hauteur de sa valeur (Nietzsche).
auteur,axe,être,idée,interprétation,mort,mystère,temps,vérité

intelligence
Toute vraie intelligence est soudaine et déracinée, c'est la bêtise qui est préparation graduelle et enracinement servile. C'est pourquoi le mot, qui est toujours soudain, a plus de chances d'être intelligent que l'idée. « L'amour lie le soudain d'une rencontre au fait, que la Beauté n'est ni logos (le discours) ni l'épisthémé (le savoir) »* - Platon.
amour,beauté,continuité,exil,idée,mot,savoir

intelligence
Le terme d'existence s'applique aussi bien à la réalité qu'à la représentation, tandis que celui d'essence n'est pensable que dans les représentations. Il est pratiquement impossible de trouver deux humains, ayant des représentations identiques d'une même réalité ; l'usage des mêmes noms ne peut pas cacher la différence fondamentale des objets modélisés et, partant, de leurs essences. N'est donc possible aucune prétention des essences d'être des structures universelles ; Platon est trop obnubilé par le monde fantomatique des idées, et Husserl - par celui de la réalité.
absurde,concept,être,idée,mot,philosophie,réalité,représentation,science,universel

intelligence
Les formules de la physique de Newton et d'Einstein traduisent le mouvement et l'énergie relatifs ; la formule d'Euler, e π i = -1, exprime une beauté absolue et immobile, une stupéfiante rencontre de la géométrie, de l'analyse et de l'algèbre avec un monde docile ; il serait juste, que l'incapacité d'en être bouleversé soit rédhibitoire pour l'accès à la philosophie, comme jadis à l'Académie platonicienne.
beauté,force,immobilité,philosophie,science

intelligence
L'homme est intelligent, quand il comprend, qu'il ne communique jamais avec le réel (mais avec ses modèles, d'où l'irrecevabilité de l'idée platonicienne, qui serait à la fois le réel et le modèle). Il y a de l'esprit religieux, chez lui, quand, en plus, il admire le réel.
esprit,idée,réalité,religion,représentation

intelligence
Il existe toujours un méta-niveau conceptuel (l'Idée des idées platonicienne), vu duquel toute substance peut être réduite à un attribut. Le descriptif résumant et même se substituant au déductif.
concept,discursif,être,idée

intelligence
Ce n'est pas l'idée-concept de Platon qui existe, c'est la méta-idée (modèle, archétype, figure) qui pré-existe. « Les concepts renvoient, eux-mêmes, à une compréhension non-conceptuelle » - Deleuze.
être,idée,représentation

intelligence
Les Grecs sont visuels ; le regard est une faculté aussi intellectuelle que visuelle ; Platon voit les Idées ; leur existence s'établit au-delà des yeux.
antiquité,esprit,être,grèce,idée,regard

intelligence
Il est possible de déconstruire la totalité des concepts du modèle courant et de rebâtir un modèle entièrement nouveau, mais équivalent à l'ancien, - la plus simple et la plus radicale objection à l'idéalisme platonicien, le côté rhapsodique de la distribution catégoriale, la pluralité des réseaux de repérage. Sans parler d'attribution, où les platoniciens se ridiculisent, en pensant, que chaque objet a un nombre fixe de propriétés.
concept,création,idée,liberté,nécessité,représentation,simplicité

intelligence
L'origine des concepts (objets ou relations) d'une représentation est triple : des espèces-constantes de la réalité, la langue, le libre arbitre. Trois clans, qui n'en reconnaissent qu'une seule, sont, respectivement : les platoniciens, les philosophes analytiques, les poètes. Avec leurs dominantes – la science, le bavardage, la musique. Vue sous cette angle, la philosophie ne peut être que de la poésie.
concept,idée,langue,liberté,musique,philosophie,poésie,réalité,représentation,science

intelligence
Dans la seule architecture qui me soit accessible, celle des ruines, les idées platoniciennes ou les pulsions nietzschéennes ne sont que styles-édifices, et les circonvolutions apolliniennes ou les fibres dionysiaques - que matériaux de construction. Les ruines, libérées de la vitalité des fondements et de la pesanteur des faîtes, se rient de l'existence réelle et s'adonnent aux valeurs virtuelles. C'est cela, la réévaluation nihiliste, l'exact contraire du platonisme : au lieu des points d'attache préconçus - leur libre conception.
axe,beauté,création,fanatisme,grâce,idée,intensité,liberté,matière,musique,…

intelligence
Kant a tort d'opposer les déterminations qualitatives de la philosophie aux déterminations quantitatives de la mathématique ; la mathématique procède par l'abstraction maximale de l'objet et par la rigueur la plus élégante de la relation ; si, incidemment, au bout de ce regard apparaît le nombre viril, et non pas l'idée sans corps, c'est que, peut-être, Pythagore fut meilleur philosophe que Platon.
concept,élite,force,goût,philosophie,regard,représentation,science

intelligence
La descente au point zéro de nos réflexions ou de nos émotions, ce sont nos retrouvailles avec l'état d'innocence, le plus propre à provoquer un reflux de créativité, surtout chez les anges : « Le pouvoir rénovateur en nous n’est autre que l’innocence » - Grothendieck - l'innocence des buts entretenant l'ignescence des commencements. Pour Platon, au commencement étaient les Anges.
ange,commencement,création,raison,sentiment

intelligence
La modélisation conceptuelle est un projet, dont le sujet est l'Être immémorial et l'objet - l'Un mémorisé ; vu sous cet angle, on ne parle plus d'oubli, et Heidegger se réconcilie avec Platon.
concept,être,idée,mémoire,philosophie,représentation

intelligence
Le mathématicien sait que les triangles n'existent pas dans la réalité, mais qu'ils sont des objets de ses représentations (Parménide, Platon ou Heidegger les auraient vus jusque dans l'être fantomatique), des créations de leur libre arbitre, qui, miraculeusement, ne sont jamais désavouées par la réalité. Mais l'homme de la rue, tel Voltaire, pense le contraire : « Il y a des carrés, mais il n'y a point d'être général, qui s'appelle ainsi ». Des objets mathématiques tapissent tout le fond de l'être.
concept,être,liberté,philosophie,réalité,représentation,science

intelligence
On modélise ou extrapole l'être, dont on se sent maître ; devant le devenir on garde le soupir ou la perplexité. Et puisque l'étonnement ou l'incompréhension sont le premier moteur du philosophe, le Zénon du mystère du mouvement, donc de l'interprétation, est plus profond que le Platon du problème des idées, de la représentation.
étonnement,être,hauteur,idée,interprétation,philosophie,représentation

intelligence
Une bonne logique ne fonctionne que dans un univers monotone, sans aucune modification d'états, mais, dans la réalité, le temps inexorable n'est que mouvement ; on surmonte cette apparente impasse, en créant des modèles parfaitement logiques, quoique discrets, du temps lui-même, avec constellations d'univers incompatibles ; on peut manipuler des faits, vrais dans un univers et faux dans un autre, sans violer la logique. La réalité n'est que devenir : le modèle n'est qu'être. Cratyle et Platon l'ignoraient.
interprétation,raison,représentation,temps

intelligence
Une bonne dramaturgie dans le monde intelligible doit ressembler à (et non pas engendrer - Platon) la démiurgie du monde sensible.
jeu,réalité

intelligence
Les idées en tant que fond sont sans vie ; elles ne s'inscrivent dans la vie que par leur forme. Pour être profondes, il leur faut bien un fond, mais leur profondeur ne fascine qu'accompagnée de la hauteur de leur forme. Il n'y a que très peu d'idées (par exemple, physiques ou organiques), que l'esprit voit (Platon) ; les profondes, on les forge.
esprit,hauteur,idée,style

intelligence
Pour juger de l'intérêt d'une pose (posture/position) philosophique, le premier réflexe est d'en imaginer le contraire ; c'est ainsi que l'on comprend l'insignifiance d'un regard, qui aurait pour centre l'être, la matière, la vérité, la liberté, et l'on finit par reconnaître que l'opposition la plus intéressante est entre la poésie et la prose, la consolation et la conviction, la musique et le bruit, l'abstrait et le concret, le commencement et le résultat, l'élégance artificialiste et le naturalisme béat ; et cette opposition est symbolisée le mieux par le sophisme et le cynisme. Platon, Pascal, Nietzsche, face à Diogène, Hume, Husserl. Curieusement, les seconds triomphent en pratique, tandis qu'en paroles sont proclamés vainqueurs - les premiers.
artificiel,commencement,consolation,défaite,esprit,être,liberté,matière,musique,négation,…

intelligence
Ce qu'Aristote dit de la représentation (les substances) et Platon - de l'interprétation (les idées) ne porte que sur les étants, dont l'être (Heidegger) servira à valider la représentation et à orienter l'interprétation.
esprit,être,interprétation,philosophie,représentation

intelligence
Sans interprétation, et donc sans idées, l’existence n’a aucun sens ; mais toute idée se formule et s’interprète dans le cadre des représentations, qui, presque toujours, sont personnelles et non pas universelles. Même si Platon, globalement, est plus raisonnable que Sartre, ses Idées ne pré-existent pas, elles se créent, par invention de représentations ou adaptation d’interprétations.
création,être,idée,interprétation,réalité,représentation,universel

intelligence
Dès que j'entends un philosophe - qu'il s'appelle Platon, Kant ou Badiou - parler de connaissance comme du but de leurs travaux, je suis sûr de tomber sur des balivernes ; même en tant que moyen, la connaissance ne joue qu'un rôle microscopique dans un écrit profond ; et même le discours le plus pertinent sur la connaissance est prononcé par ceux qui n'en possèdent pas beaucoup. Un bel exemple - Valéry : « Un philosophe est celui qui connaît moins que les autres »**, parce qu'il doute mieux.
contrainte,philosophie,platitude,savoir

intelligence
La vie de la pensée est circonscrite par le modèle spatial, l'être, et le modèle temporel, le devenir : « L'être éternel sans naissance et le devenir qui n'est jamais » - Platon – le premier, d'après toi, existe, et le second – non, ce qui rend celui-ci attractif, en tant qu'outil du bon créateur, l'être étant sa matière première.
commencement,création,être,idée,matière,représentation

intelligence
La valeur de Platon et de Heidegger se situe hors de la philosophie – dans l'élégance des métaphores ou dans l'amusement philologique. Les philosophes cathédralesques, dépourvus de ces qualités littéraires, sont ridicules dans leur lourd plaidoyer de l'idée platonicienne ou de l'être heideggérien, dans lesquels l'imagination poétique doit dominer largement toute gnoséologie et toute ontologie.
art,école,être,idée,philosophie,poésie,savoir,valoir

intelligence
Dans la saisie des choses, est philosophe celui qui glisse sur la géométrie et donne la priorité à l'algèbre et à l'analyse : l'instrumentalité et les fonctions, avant ce qui est là ou ce qui est donné. Heidegger ne voit autour de lui que des géomètres, et il appelle cette calamité - l'oubli de l'être (une pique à l’oubli de l’Idée platonicien), et que Nietzsche attribuait à la fatigue.
être,idée,science

intelligence
Les vrais penseurs tirent leur généalogie des mystiques laconiques, tel Héraclite, mais le discoureur, avec Socrate et Platon, apporta l'étalage et le développement. Le discoureur, contrairement au penseur, est celui qui a besoin de modèles d'univers pour faire valoir ses pensées. C'est avec Aristote que le terne penseur éclipse, hélas, les brillants discoureurs, d'Homère à Platon. Il faut reconnaître, que les temps modernes, avant de sombrer dans la grisaille compacte, et à perte de vue, des ternes discoureurs, connurent quelques brillants penseurs.
discursif,idée,mélancolie,modernité,philosophie,représentation

intelligence
Tracer des frontières entre les clans ou écoles philosophiques est une tâche délicate. On peut commencer par le regard, que les philosophes eux-mêmes portent sur leurs exercices, et alors la première ligne de démarcation séparerait les scientistes des artistes. Chez les premiers, il y a deux groupes : discours léger et prétention à la sagesse (Platon, Sénèque), ou discours lourd et prétention à la rigueur scientifique (Spinoza, Hegel, Husserl). Chez les seconds, il y a aussi deux groupes : verbalisme prosaïque (Heidegger) ou intensité poétique (Nietzsche).
art,école,frontière,inconnu,philosophie,poésie,science,soi

intelligence
Ce qu'expriment Platon, St-Augustin ou Pascal concerne tout homme de bon sens, de toutes les époques et de toutes les cultures, et peut en être compris ; le charabia de ceux qui en prirent la succession ne peut intéresser que des thésards mécaniques ou des bureaucrates académiques, un sordide verbalisme sans élégance, sans hauteur, sans émotion.
culture,école,hauteur,modernité,mot,philosophie

intelligence
Travail paradoxal sur la pensée : on cherche à la dépouiller de la gangue des sens, mais quand on le réussit, à coups de métaphores, la pensée jaillit comme une pure sensation. Détachée du sol, elle doit rejoindre, dans l'air, sa source platonicienne.
commencement,éléments,idée,métaphore,paradoxe,ruines

intelligence
Dès qu'on prend pour pensées l'idée platonicienne, le cogito cartésien, le conatus spinoziste, l'éternel retour nietzschéen, on est charlatan. En reconnaissant leur vrai statut, celui des métaphores, nous devenons libres à les interpréter comme bon nous semble. Les pensées, c'est chez les poètes qu'il faut les chercher – Rilke, Valéry, Pasternak, R.Char.
art,idée,interprétation,liberté,métaphore,philosophie,poésie,retour

intelligence
Même si la majorité de nos modèles (représentations) sont de libres créations de notre imagination, les modèles centraux (physiques, chimiques, biologiques) nous sont dictés immédiatement par la réalité. Et donc Platon est plus près de la vérité que Wittgenstein, pour qui il n'y a pas de modèles (Sachverhalte) dans le monde, qui ne serait que « tout ce qui est instance » - « die Welt ist alles was der Fall ist ».
création,réalité,représentation

intelligence
Qu'est-ce qu'un objet ? - son nom, ses classes, ses relations, ses attributs. Mais ce sont des caractéristiques de la représentation et non pas de la réalité (que Platon et Spinoza m'excusent…), et elles sont les seuls points de repère permettant de référencer les objets. Dans la réalité, ainsi, il n'y a ni objets ni vérités, puisque celles-ci résultent des propositions portant sur les objets. La réalité réapparaît dans les significations qu'on tire de la proposition interprétée, mais elles naissent d'un processus non-formalisable, intuitif, non-langagier – l'intelligence pragmatique, le dernier chaînon de l'analyse syntaxico-sémantique.
concept,interprétation,langue,question,réalité,représentation,vérité

intelligence
Aristote, Spinoza, Kant - aucune belle métaphore ; il reste le système (logique, structurel ou verbal, à l'esthétique nulle), donc un résumé, qui n'est jamais qu'enfantillage (c'est à dire la curiosité de la découverte, suivie d'une sobre mémorisation et d'un morne apprentissage). En face, les mythes et idées platoniciens sont de pures métaphores éternelles, comme la plus belle d'entre elles, celle de la Caverne reprenant, peut-être, le beau souvenir du souterrain de Pythagore et d'Empédocle. Tant de prosateurs cherchèrent à embrigader cet impénitent poète, en suivant le conseil perfide de Leibniz : « Si quelqu'un réduisait Platon en système, il rendrait un grand service à l'Humanité ».
beauté,école,idée,mémoire,métaphore,platitude,ruines,système

intelligence
La seule fonction logique et universelle du verbe indo-européen être consiste en opération de (tentative de) l'unification (entre deux arbres de références) – 'le maître de Platon est le mari de Xanthippe'. Le fait de signifier avoir une valeur d'attribut ('Socrate est sage' - copule) ou se trouver à, dans le temps ('Socrate était avant Platon') ou dans l'espace ('Socrate est à Athènes'), n'est ni logique ni universel mais langagier. Le bavardage pseudo-philosophique autour de l'être se réduit à celui, technique, sur l'identité.
être,langue,science,universel

intelligence
Une idée, c'est l'évocation des choses par leurs images. Mais pour Platon, elle n'est qu'image ; pour Aristote, elle n'est que chose ; et pour Descartes, elle est image de la chose (« les images des choses sont les seules à qui convient le nom d'idée » - « rerum imagines, quibus solis conventi ideae nomen ») - les ondes, les capteurs, les empreintes. Je réserverais ce nom aux cas, où les choses sont profondes et les images – hautes, ce qui munirait ces images des choses – de la noblesse ou de la musique.
concept,hauteur,idée,matière,musique,noblesse,réalité,représentation

intelligence
Ni Platon ni l'Aquinate ni Heidegger ni Sartre ne formulent de concepts ontologiques opératoires - que des intuitions poétiques ou théologiques. Que Aristote est si rigoureux avec ergo saute surtout aux yeux, quand on constate, que ni Descartes ne se donne la peine de définir ce qu'est cogito ni Heidegger - ce qu'est sum. La liaison entre la réflexion et l'ontologie est affaire des métaphores.
doute,être,idée,métaphore,poésie

intelligence
Trois raseurs partent de l'être pour lui opposer l'essence, le temps ou le néant (l'identité avec le bien de Platon ou avec l'intelligence de Plotin fut moins ridicule). L'être est peut-être le règne des représentations, l'essence - le problème des symptômes, le temps - la solution des signes, le néant - le mystère des images.
bien,être,mystère,platitude,représentation,style,temps

intelligence
Seules les idées mathématiques apportent de la crédibilité au platonisme. « La réalité mathématique précède toute existence » - A.Connes. Pascal, par contre, n'y voit que de la coutume : « Notre âme est accoutumée à voir nombre, espace, mouvement ». Dommage que l'union sacrée du Logos et du nombre fût profané par ce mot-avorton qu'est log-arithme ! Le logarithme, lui aussi, ternit l'image du nombre.
idée,sacré,science

intelligence
La forme, céleste, intellectuelle, de Platon, fécondée par le fond, terrestre, conceptuel, d'Aristote, enfanta du Logos, relation spirituelle, intermédiaire entre terre et ciel, esprit et matière, structure stoïcienne et chrétienne.
antiquité,christianisme,concept,esprit,idée,matière,philosophie,représentation,style

intelligence
Avec ces deux images, l’Idée et le Bien, Platon trace bien les contours exhaustifs d’une vraie philosophie non-bavarde. Dans son style parabolique, l’Idée n’est qu’une référence au langage créateur, et le Bien n’est qu’une consolation d’un homme désespéré.
bien,concept,consolation,création,espérance,hommes,langue,philosophie,style

intelligence
Le galimatias de Hegel reprend celui de Parménide ou de Plotin. La proximité, phonétique et lexicale, entre l’Un et l’Être, en grec, ou entre Sein et Eins, en allemand, est la seule source évidente de leurs logorrhées. Ils ont, tous, profané les notions platoniciennes de Bien et d’Idée, ouvertes aux interprétations innombrables.
allemagne,bien,concept,école,être,grèce,idée,interprétation,mot,philosophie,…

intelligence
Avec le temps, la trinité platonicienne (la terre composée de hauteur-paradis, platitude-purgatoire, profondeur-enfer - dans le Phédon) devient binôme, puisque toute profondeur rejoint la platitude ; le séjour du pur ne pourrait donc être que la hauteur – belle illusion, nous détachant de la terre réelle.
ange,hauteur,nature,platitude,réalité

intelligence
Les contraintes sont des méta-principes qui réduisent le champ de mes intérêts. Dans ce champ, soit je développe une forêt de principes, soit j’y plante des arbres, des principes solitaires – la fin ou le commencement, la forteresse finale ou la caresse initiale, le discours ou le chant. Aristote est dans la forêt, et Platon – dans l’arbre ; développeur ou enveloppeur, raisonneur ou poète.
arbre,caresse,commencement,concept,contrainte,création,danse,discursif,idée,poésie,…

intelligence
Il n’y a rien d’absolu dans les Idées platoniciennes. Même l’espace/temps, la matière, la vie, dans les représentations, portent, nécessairement, des traces des expériences individuelles. Aristote fut plus platonicien que Platon, en absolutisant ses catégories, où le libre arbitre est flagrant. La fichue préexistence des Idées n’est qu’une figure rhétorique qui ne s’appuie sur rien. En revanche, la préexistence des concepts (dans la représentation), pour ancrer le langage, leur échappa à tous les deux.
concept,idée,jeu,langue,liberté,matière,représentation,sacré,temps,vie

intelligence
Le Royaume des Idées (ou des Formes, modèles, concepts) platoniciennes, n’est qu’une représentation qu’un informaticien appellerait Base de Connaissances, qui est toujours subjective, intermédiaire entre la réalité et le langage et donc liée au temps.
concept,idée,langue,réalité,représentation,système,temps

intelligence
Un axe platonicien, divisé en deux intervalles inégaux, reflétant le passage du sensible à l’intelligible et subissant un second partage, dans les mêmes proportions, – une jolie image mythique : conjecture – ombres, croyance – certitude, raison – définition, intelligence - idées.
idée,interprétation,ombre,raison,rêve

intelligence
Jamais personne ne confondit la chose perçue avec la chose en soi ; la seule remarque à retenir de l’image de la Caverne platonicienne est que l’homme-maître (et non pas un prisonnier) peut intensifier ou rediriger la flamme, projetant des ombres de plus en plus congruentes avec la chose en soi inaccessible.
concept,être,inconnu,ombre,soi

intelligence
Le poète synthétique Platon place ses mots (Idées particulières) dans sa représentation (en haut) ; le philosophe analytique Aristote les applique directement à la réalité (en bas) universelle. D’où le malentendu entre l’élève et le maître. L’erreur de tous les deux est de croire en universel et de négliger le particulier. En plus, dans le mot particulier, ils confondent ces deux concepts différents : la relation classe/élément et l’appartenance de représentations aux auteurs différents.
concept,erreur,idée,mot,philosophie,poésie,réalité,représentation,universel

platon
Le savoir ne consiste pas à mettre la vue dans l'organe, puisqu'il la possède déjà, mais, comme il est mal tourné et regarde ailleurs, il en ménage l'accommodation.
intelligence
Avoir sa propre accommodation, c'est avoir son regard, qui est au-dessus de la vue. L'intelligence suffit, pour l'approfondir, mais pour le rehausser, on a besoin de noblesse. Ne pas se focaliser sur des choses indignes – telle est la fonction des contraintes, que l'âme doit ériger. Quant aux buts, - se tourner du côté des firmaments avec plus d'élan que vers les horizons.
âme,contrainte,élan,hauteur,noblesse,regard,savoir

bergson h.
L'intelligence, dans ce qu'elle a d'inné, est la connaissance d'une forme, l'instinct implique celle d'une matière.
intelligence
Les deux sont des mystères, que tu as cherché à dégrader : « L'instinct et l'intelligence représentent deux solutions élégantes d'un seul problème ». L'instinct est une vraie intelligence, celle d'un acte aveugle, ne tenant à se justifier qu'a posteriorii ; il est une connaissance a priori. La forme est une connaissance a posteriori, bien que Platon pense l'inverse.
action,matière,mystère,savoir,style

claudel p.
La faiblesse de la mathématique : elle manipule des entités abstraites et non pas réelles.
intelligence
Mal t'en prit, toi, qui touchas à la plus grande des abstractions, Dieu ! Ne comprends-tu donc pas, que Dieu est ce principe, qui rend les abstractions possibles et étrangement cohérentes avec la réalité ? Qu'on appellera réminiscences platoniciennes ou ressouvenirs cartésiens.
dieu,idée,inconnu,mémoire,réalité,science

ironie
Oui, il faut savoir ce qu'on a à dire, mais, dans le meilleur des cas, on le sait mieux après qu'avant. Et Platon, avec ses idées préexistantes, est trop statique : « Le sage a quelque chose à dire, le sot a à dire quelque chose », là où le dynamisme cioranien : « On n'écrit pas parce qu'on a quelque chose à dire, mais parce qu'on a envie de dire quelque chose » fait des merveilles. Le désir donne au talent - de la hauteur ; la vue ne fait qu'en élargir l'étendue.
art,doute,élan,esprit,hauteur,idée,philosophie,regard

ironie
Aux outrages, que font subir les philosophes égarés aux notions mathématiques d'ensembles ouverts ou vides, ou d'incomplétude gödelienne, peut s'ajouter la logique du second ordre, que ces derniers dédaignent, en la traitant de secondaire. Parfois je pense que l'inscription, à l'entrée de l'Académie platonicienne, n'était pas si bête que ça, mais à géomètre il faudrait y ajouter – linguiste et pleureuse.
antiquité,langue,ouvert,philosophie,science,souffrance,vide

ironie
Ce sont des pensées à reculons qui sont encore les plus efficaces, pour envisager l'avenir sans trop d'épouvante. Comme, pour plier le monde, rien ne vaut des « pensées à pas de colombes » - Nietzsche - « Gedanken die mit Taubenfüssen kommen », ou même des « illusions berçantes de la colombe » - Kant - « die Taube, die sich in der Illusion wiegt », dont se serait nourri Platon.
caresse,idée,rêve,temps

ironie
L'un des rôles de la philosophie est d'endormir, de bercer les consciences, pour qu'elles rêvent au lieu de calculer. Être guérisseur (Platon), thérapeute (« La philosophie est le remède de la douleur » - Cicéron - « Doloris medicina est philosophia »), chirurgien (Épicure, dont la philosophie promet « la santé de l'âme ») ou assureur (« primum non docere ») est également charlatanesque, le mal de vivre - et de penser - étant incurable, surtout chez les inimitables, qui ne peuvent pas profiter de la règle moutonnière - similia similibus curantur. « La consolation philosophique d'un Boèce installe en l'homme non pas tant la joie que l'anesthésie et la résignation »** - Jankelevitch - la résignation durable nous console mieux que la joie furtive.
acquiescement,âme,angoisse,conscience,consolation,mouton,philosophie,raison,rêve,souffrance

ironie
Chantre des cervelles - la future vocation du poète, échoué à devenir accoucheur (Platon) ou ingénieur (Staline) des âmes. La profession libérale de robot-décorateur lui fera oublier, qu'il jouait jadis, dans la société, la fonction d'archonte de l'humanité (archontische Funktion der MenschheitHusserl).
âme,art,commencement,création,défaite,hommes,poésie,raison,robot

ironie
La honte des acolytes renégats aura assuré la gloire posthume à Socrate et Jésus : Platon et Xénophon, ainsi que les Apôtres, s'enfuient au moment du drame final de leur maître.
christianisme,gloire,honte,sacrifice

ironie
Même la faiblesse, même le désespoir, même le vide peuvent être vécus avec intensité - la leçon centrale de Nietzsche (déjà amorcée par Platon : « Le plus beau des liens est celui qui rend au plus haut degré un soi-même et les termes liés ») ; la volonté de puissance ne vise que l'intensité de la vie. L'intensité de l'inconscience - source de toute poésie ; l'intensité de la conscience - critère de la liberté (Bergson).
beauté,commencement,conscience,espérance,force,intensité,poésie,rêve,soi,vide

ironie
Dans le métier de l'habit des pensées il y a deux filières indépendantes : la haute couture ou la fourniture de hauts modèles (top-models). On oublia qu'à l'époque, où la toge et la chlamyde étaient les seuls cache-misères, le philosophe était vu comme un tisserand (Platon).
hauteur,idée,philosophie,représentation,style

ironie
Le sage représente le monde, le poète l'interprète, le journalier le modifie ; Platon se moque de Marx, Nietzsche ne le remarque guère ; tant d'invariants réels ou d'unifications imaginaires nous laissent devant le même arbre.
action,arbre,interprétation,réalité,représentation

ironie
Il y a des philosophes, chez qui on sent surtout un intense climat (Platon, Nietzsche, Heidegger) ; chez les plus raseurs, on ne voit que des paysages inanimés (Aristote, Descartes, Kant).
âme,climat,intensité,philosophie

ironie
La géométrie en philosophie : un vecteur, c'est le sens d'un axe de valeurs plus l'unité de mesure. À comparer avec des savants, non-géomètres de Platon, campés dans une valeur donnée sur un axe, plus des mesures, que tout le monde pourrait prendre à leur place.
axe,balance,philosophie,platitude,science

ironie
Ce que Platon dit de Socrate, Valéry de Descartes, Heidegger de Nietzsche montre la chevaleresque sympathie des philosophes-poètes non pas pour leur confrère-ancêtre lui-même, mais pour l’image de celui-ci, qui n’est que leur propre réinvention du personnage fictif et brillant. À comparer avec la froide neutralité ou hostilité des non-poètes.
école,grandeur,lutte,noblesse,poésie

ironie
L’Idée couvre tous les champs expressifs, du borborygme à la formule logique ; la philosophie consiste à l’envelopper d’un style, qui, réduit nécessairement aux arrangements spatiaux de mots, ne peut être que géométrique. Chez Platon il est parabolique (les objets à la lumière mythique), chez Nietzsche – hyperbolique (les objets voués à la hauteur), chez Heidegger – elliptique (les objets n’ayant pas encore de nom). J’ai l’ambition de pratiquer un style conique : l’idée serait une corne d’abondance, un cône, avec l’humilité d’un angle de vue étroit, avec un flux du bien-être, avec l’élan vers l’infini ; la maxime émerge, suite au choix d’un plan, traversant le cône, pour créer une parabole, une hyperbole ou une ellipse.
acquiescement,auteur,élan,hauteur,idée,inconnu,maxime,mot,philosophie,science,…

mot
Le rapport entre l'idée et le mot est celui entre eidos et eikon, entre représentation et expression, entre idole et icône, entre langage parlé et langage parlant. Platon, en donnant sa préférence à eidos au détriment d'eikon, nous voue aux idoles. Mais Heidegger, n'accordant de manifestation à son fantomatique être qu'en tant qu'un devenir-mot (« Wortwerden des Seins » ou « Offenbarung des Seins durch das Wort » - « révélation de l'être à travers le mot »), charge le mot d'un faix ou d'un fait impossibles ; à moins que ce fantôme ne soit qu'une ivresse qu'on provoque rien qu'en manipulant des étiquettes.
absurde,être,grèce,idée,langue,représentation,style

mot
Quel beau paradoxe : le maître du mot, Valéry, est l'auteur des idées les plus profondes ; ceux qui se consacrent entièrement aux idées (Platon, Nietzsche, Heidegger) ne laissent derrière eux que de belles métaphores !
idée,métaphore,paradoxe

mot
« Au commencement était le Verbe » - on peut en ricaner sur trois niveaux : en syntaxe - les substantifs n'ont qu'à bien se tenir (on est avec les logiciens) ; en sémantique - les relations précèdent les sujets/objets (on est avec les structuralistes) ; et en pragmatique - il n'y a rien à chercher avant le mot, tout peut être réduit au mot (on est contre Platon). Heureux qui est ab-origène du pays du Verbe !
commencement,concept,ironie,langue,raison,utilité

mot
La licorne n'existe pas : dans la langue, cela voudrait dire, que l'étiquette licorne n'est associée à aucun concept du modèle ; dans le modèle - que le concept licorne n'a pas été modélisé (mais il aurait pu l'être, pour exister au même titre que vache) ; dans la réalité - qu'aucun genre d'être vivant (corps organique) portant ce nom n'existe (et n'aurait pas pu exister). Hegel et Sartre (ou, avant eux, - Parménide et Platon) nagent au milieu de leurs avortons de termes - non-être, néant, négation, exister - qu'ils sont incapables de définir et se contentent d'un verbiage borborygmique et difforme.
être,idée,langue,négation,réalité,représentation

mot
Ils pensent sérieusement, que la représentation du monde peut être prise en charge par des structures grammaticales, tandis que ces piètres structures restent presque entièrement à l'intérieur des frontières de la langue, et les frontières du monde commencent bien au-delà de la langue, quoi qu'en pense Wittgenstein. La langue fait partie des solutions, le monde restera toujours parmi des mystères, que tente de refléter, telles les idées platoniciennes, la représentation.
frontière,idée,langue,liberté,nature,mystère

mot
La représentation, elle aussi, dispose de son propre langage, mais qui a, vis-à-vis de la langue naturelle, à peu près le même statut qu'un langage de programmation, surtout lorsque celui-ci est fondé sur la logique et est orienté-objets. Les requêtes, formulées dans ce langage artificiel, seraient l'équivalent des idées platoniciennes, indépendantes des mots et classées par type de fonction, de prédicat, d'événement, de substance.
artificiel,concept,être,idée,langue,représentation,science

mot
Je me sens porteur d'une musique, mais je dois la confier aux mots. On peut avoir une idée du désastre en tombant sur d'effarants livrets accompagnant les meilleurs morceaux de Mozart ou Tchaïkovsky. Les arpèges des mots sont souvent souillure d'une partition vitale. Mais la pensée est contre-indiquée à la musique, comme à la poésie ; écoutez du Nietzsche, du Marx ou du Platon, mis en musique par G.Mahler, Prokofiev ou Satie.
ange,auteur,défaite,intelligence,musique,poésie

mot
L'idée platonicienne (eïdos) nous renvoie à ce que les choses ont de visible ; à ce qui est lisible nous renvoie le mot (logos). Le Logos bicéphale aristotélicien correspond très exactement à ce qu'est une maxime : l'union de la forme et de la formule !
grèce,idée,maxime,réalité,style

mot
Personne ne rit chez Homère ; l'amour, chez Platon, n'est que charnel ; l'enfer de Dante n'est pas plus effrayant qu'un musée minéralogique (où Dante se serait promené en touristePéguy ; « les formes et couleurs de la poésie de Dante sont de nature géologique » - Mandelstam - « Стихи Данта сформированы и расцвечены геологически ») - et l'on en garde le rire homérique, la passion platonique, la vision dantesque. Se méfier des adjectifs, cette cinquième colonne du hasard antonomastique. La traîtrise des noms est moins déroutante, quoique vous chercheriez en vain l'âme dans De l'âme d'Aristote (que, bizarrement, vous trouverez dans Cité de Platon), ou la nature dans Sur la nature de Parménide ou dans De natura de Lucrèce, ou la logique dans la Science de la Logique de Hegel.
âme,amour,caresse,jeu,nature,science,style

mot
Phénomène, un mot étrange, dont les significations chez Platon, Sextus Empiricus, Kant, Hegel ou Husserl sont complètement différentes. Il faudrait le rapprocher de fantaisie, d'imagination et donc de représentation. Tout connaître par la représentation ou, bien au contraire, par la (ré)interprétation – deux démarches également défendables.
grèce,interprétation,représentation,savoir

mot
La connaissance des mots ne conduit guère à la connaissance des choses (quoiqu'en pense Platon), mais elle sert à formuler de bonnes requêtes au sujet des choses connues.
question,réalité,savoir

mot
Les deux Cratyle, celui de Platon ou celui d'Aristote, celui qui lève le doigt, avec un nom unique aux lèvres, ou celui qui le baisse, pour que le nom sélectionné soit le plus proche de la réalité terrestre, - produisent du silence ex aequo ou du bruit-écho, tandis qu'il s'agit de composer de la musique - le mot-maître doit faire danser l'idée-servante.
danse,idée,maîtrise,musique,proximité,réalité,silence

mot
Où peuvent se trouver - si elles existent ! - ces fichues idées platoniciennes ? Dans la réalité ? Dans le modèle ? - Non, presque exclusivement (sauf quelques constantes eidétiques - en physique, en chimie, en biologie) - dans le langage ! C'est à dire dans un outil de critique et non pas de topique. Ni représentation, ni interprétation, mais requête. « Le passage de la vie dans le langage constitue les Idées »** - Deleuze. Les universaux, en revanche, ne sont ni dans la réalité (universalia ante res - le réalisme platonicien), ni dans le langage (le nominalisme médiéval), mais bien dans le modèle (universalia in rebus - les impressions de l'âme aristotéliciennes). Quand on comprend, que non seulement les relations, mais aussi les propriétés et les attributs peuvent être représentés en tant que classes, toute discussion sur le lieu de leur existence devient superflue.
âme,concept,création,être,idée,interprétation,langue,moyen âge,représentation,universel,…

mot
Deux raisons poussèrent Socrate à répugner l'écriture : l'horreur du développement (auquel succombe son élève infidèle) et l'absence de noms pour tout ce qui compte le plus dans la vie (et dont l'autre fait des Idées). Et le genre aphoristique d'Héraclite, fut oublié au profit des bavards…
art,discursif,idée,maxime,mémoire,vie

mot
Quand on refuse au modèle et à sa supra-structure, le langage, le rôle créateur de vérités, c'est à dire d'identités, de mesures et de logiques, on devient pyrrhonien, pour qui toute chose est « indifférente, immesurable, indécidable ». Le dialogue moi-réalité n'existe pas ; il fait partie du tétralogue : moi - modèle - langage - réalité (je sais, qu'il n'y a pas de nombre deux dans dialogue, et, par exemple, dans la plupart des dialogues platoniciens figurent plus de deux interlocuteurs).
balance,doute,grèce,langue,raison,représentation,soi,vérité

mot
Seuls les polyglottes peuvent donner un sens profond au silence : les expressions d'un même sentiment, dans des langues différentes, n'offrant ni intersection ni noyau communs, on se réfugie dans ce vide silencieux, ce réceptacle du vrai soi (serait-ce la khôra platonicienne, cet espace réservé à l'accueil des idées ? ), du soi indicible et intouchable, débarrassé et des mots et des choses : « L'esprit vide d'objets est le but du sage » - Upanishad - je dirais qu'il en est la contrainte.
concept,contrainte,esprit,grèce,idée,inconnu,langue,silence,soi,vide

mot
Le singulier, dans l'expression zéro cheval (ou, mieux : zéro mal, zéro amour malheureuX), me met toujours dans un étrange embarras (on a bien : zero horses, null Pferde, ноль коней) - on sent, que le nombre zéro est une invention tardive, à laquelle les Français associèrent ce qui n'est guère numérique dans le discours sur l'Un ou sur Dieu, discours, qui aboutit à leur presque inexistence, à zéro. Pourtant, la règle platonicienne ou plotiniennece qui n'est pas l'Un est multiple – mauvaise en métaphysique, devrait être bonne, une fois appliquée à la grammaire. À rapprocher du nombre anti-grammatical mais intuitif de l'anglais : police come, the US is, ou, en russe, de l'incroyable singulier : 21 конь (21 chevaux), ou de l'invraisemblable pluriel du numéral un - один - одни (одни часы)) ! Le cas qui m'intrigue - le nombre -1 : au singulier ou au pluriel ? Minus one degrees ? Moins un maux ? En plus, il faut faire attention aux parenthèses : zero apples minus (one apple) leaves (minus one) apples !
allemagne,angleterre,être,russie

mot
Le mot, c'est le noble logos, bien en chair (Descartes et Port-Royal, par exemple, le plaçaient, carrément, du côté de la matière) ; l'idée, ce n'est que la chimère platonicienne.
doute,grèce,idée,matière,noblesse,réalité

mot
Le mot est dans le faire ; il n'est presque pour rien dans le connaître (sauf pour le menu fretin de professeurs de philosophie) ; il est un arbre (de quête ou de communication) et non pas le sol. Mais le connaître grec correspond à notre faire ; c'est ainsi qu'il faut comprendre Platon : « Celui qui connaît les noms, connaît les choses ». Celui qui crée dans le mot, poète ou philosophe, sait que, une fois la plume en main, il ne sait plus rien et, à la fin, n'en saura pas davantage.
action,création,grèce,savoir

mot
Que Platon confonde souvent la représentation (concepts) avec les quêtes du représenté (idées) se voit dans l'usage indifférencié, qu'il fait de eidos (aspect ou forme) et idea (regard ou fond). Les concepts existent dans le modèle, et les idées - dans le langage ; mais ni les uns ni les autres - dans la réalité. Mais est-ce que la phusis grecque est notre réalité ? Pour Heidegger, elle fut l'être, et l'idée - son interprétation, ce qui est plein de bon sens.
être,grèce,idée,interprétation,langue,réalité,regard,représentation,style

mot
Que doit comprendre un Français, lorsqu'on lui parle de survenue de l'être ou d'arrivée de l'étant heideggériens ? Un rire ironique et franc serait compréhensible. Tandis que la bonne traduction serait : le transfert (Überkommnis) du nouménal dans la parution (Ankunft) du phénoménal - banal, connu depuis Platon, formalisé par Kant.
être,france,philosophie

mot
La parole et la pensée sont hors de moi, et le chant est en moi ; que, dans des édifices durables, le Dieu de l'horizon et de la profondeur soit mort, ne doit pas troubler le Dieu de la hauteur, éphémère et éternelle, qui est en moi, au fond de mon puits, de mon souterrain ou de mes ruines. Monuments aux morts hantés, monuments aux mots chantés. On chante dans les ruines, on hante les cavernes : « Dans la caverne de Platon nul mot pour signifier la mort » - Blanchot.
danse,dieu,esprit,éternité,hauteur,mort,ruines,soi,temps

mot
Je m'évertue à projeter la grande triade - la noblesse, l'intelligence, la beauté - sur l'idée platonicienne, sur la valeur nietzschéenne, sur l'être heideggérien - je ne parviens pas à la même harmonie, que me procure le mot. Dans tout ce qui est grand, la forme domine le fond.
auteur,axe,beauté,esprit,grandeur,idée,intelligence,noblesse,style,valoir

mot
La caresse s'associe avec la nudité - verbale, sentimentale ou anatomique ; Platon, qui ne préconise que deux genres d'entraînement, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, - la musique et la gymnastique, est peut-être le premier à avoir compris qu'au Commencement était la Caresse (gymnos - nudité).
caresse,commencement,femme,grèce,musique,sentiment

mot
Dans le réel, il n'y a aucune trace de poétique ; la poésie est de la traduction et non de l'imitation (la mimesis de Platon et Aristote) ; traduction artistique d'un message mystique, inarticulé ; notre soi inconnu est mystique, et le soi connu – poétique ; la rencontre entre eux, la traduction du premier dans le langage du second, c'est la création.
art,création,inconnu,langue,mystère,poésie,soi

mot
Les beaux termes de mot et d'idée furent profanés par Adam et Platon ; nommer un objet est banal et créer un concept est trivial ; le mot est une idée, qui est profonde grâce au modèle et haute grâce au langage.
concept,création,hauteur,idée,représentation

mot
Platon et Aristote placent les idées soit dans le réel ici-bas soit dans le représenté la-haut, tandis que leur place est dans le langagier intermédiaire. « Les idées sont à titre de modèles, des paradigmes, dans l'éternité de la Nature » - Platon. Dans notre condition humaine, nous devons nous contenter des ombres, à l'intérieur de notre Caverne, ombres appelées mots. Toutefois, c'est d'abord dans le monde fermé des représentations que le mot nous renvoie, avant de se décanter dans le monde ouvert des idées. Les objets eux-mêmes restent en dehors de la Caverne, pour mieux orienter notre lumière ou pour intensifier nos ombres.
concept,éternité,idée,intensité,langue,nature,ombre,ouvert,réalité,représentation,…

mot
Quand le rêve l'emporte sur le mot, on préfère la montagne à l'arbre, la hauteur à la vie. Lorsqu'ils s'équilibrent, on trouve de l'arbre à chaque cime : au mont des Oliviers ou à l'Ararat - l'olivier, à l'Olympe ou au Parnasse - le laurier, au Sinaï - le buisson-ardent, au Golgotha - la croix. Quand le mot, seul, triomphe, il fait éclore le rêve - dans le vide : le mont de Sisyphe, l'élévation du mot-pierre à une hauteur, le désintérêt du mot-brique et encore plus du mot-édifice. « La pensée est le labeur de l'intelligence, la rêverie en est la volupté »*** - Hugo. Il faut alterner en nous la veille et le rêve, le philosophe et le poète (Platon).
action,arbre,caresse,défaite,hauteur,intelligence,philosophie,poésie,rêve,vie

mot
Une illustration de la disparition progressive de toute ivresse dans les affaires des hommes – quoi de plus sobre qu'un symposium ; pourtant le mot, en grec, voulait dire beuverie générale, ce qui est d'ailleurs le titre d'un ouvrage platonicien, qu'on traduit pudiquement par Banquet.
folie,grèce,hommes

mot
Socrate, maître de Platon, l'Athénien ayant bu la cigüe, l'ami d'Aristote lui étant moins cher que la vérité – ce sont des références d'objets. Dépendre de, reposer sur, se fier à – ce sont des références de relations. Des combinaisons de ces deux types de référence, munies de connecteurs logiques et syntaxiquement correctes, forment des propositions. Tout y est limpide, à comparer avec des groupes verbaux ou nominaux des linguistes ou avec des combinaisons de représentations et de concepts (Hegel) des philosophes. Les premiers ne voient même pas les représentations, et les seconds placent celles-ci déjà, prématurément, dans le langage. Mais en projetant sur l'indo-européen le mécanisme universel de références : « La proposition (le logos) se forme, en entrelaçant les verbes avec les noms »** - Platon rend bien la fonction première du langage.
concept,idée,langue,philosophie,représentation,science

mot
J'ai une tendresse particulière pour l'initiale I (même si Rimbaud se trompa de sa couleur – elle est bleue et non pas rouge), elle forme l'anneau de la création : idée, icône, idole (que la mauvaise hiérarchie platonicienne associait à Dieu, à l'artisan, à l'artiste). Tous en créent, mais seul l'artiste rend l'idée – palpitante, l'icône – vivifiante, l'idole – sacrée. Dieu nous munit d'instruments, pour les représenter, et d'organes, pour les interpréter.
art,auteur,création,dieu,élite,idée,interprétation,représentation,sacré

mot
Dans un discours, ce qui compte, ce ne sont pas tellement les vaches réelles que les modèles et instances de vache, ces concepts (les êtres en puissance ou en acte), que Platon appelle idées, et auxquels il accorde, curieusement, plus de réalité qu'à la réalité elle-même ; mais ces idées ne nous sont pas données a priori, mais sont créées par le discoureur et où une solide dose de libre arbitre est évidente ; la précédence des idées est une chimère.
être,idée,liberté,réalité,représentation

mot
La misérable philosophie du langage (cet avorton du tournant linguistique, avec son frère paralytique, la philosophie de l’esprit) se moque des représentations, qui, soi disant, auraient été prônées, naïvement, par Platon et Aristote (qui, il faut le souligner, ne comprenaient rien dans les fonctions du langage) et qu’il fallait dépasser. À ma connaissance, le seul philosophe, qui voyait nettement les rapports entre langage et représentations a été Valéry.
esprit,langue,philosophie,représentation

mot
Non seulement les cinq sens humains sont admirables et merveilleux, mais chacun donna lieu à une métaphore associée : le regard, la musique, le goût artistique, le flair, la caresse. Et si le Créateur ne s’inspirait que des métaphores, telles les Idées platoniciennes, et l’œil ou l’oreille ne seraient que leurs matérialisations ? Et ce serait pour cette raison que le Créateur ne mettrait nulle part Son nez ou Sa voix dans les affaires des hommes.
caresse,création,dieu,goût,hommes,métaphore,mystère,musique,ouïe,regard,…

mot
L’oralité ou l’écriture, Socrate ou Platon. C’est seulement au siècle des Lumières, dans les salons parisiens, animés par la stimulante présence féminine, que la tradition orale antique fut peut-être reprise, mais nous n’en avons pas de traces. Nous vivons dans un siècle d’une oralité électronique dominante et d’une écriture mécanique, en absence de sages socratiques et de poètes platoniciens.
antiquité,art,femme,histoire,intelligence,poésie,robot

mot
Le défaut d'intelligence le plus irrécupérable est l'ignorance en matière langagière. Ce qui explique beaucoup de faux pas de Platon, de Foucault, de Cioran. Et ce qui met en valeur l'éclat de St-Augustin, de Nietzsche, de Valéry.
erreur,intelligence,langue

platon
Pensée et discours ne sont qu'une même chose. La pensée est un discours intérieur, un dialogue de l'âme avec elle-même.
mot
Ce dialogue est fait de messages, que ne résume aucun discours et ne subordonne aucune grammaire. Le discours est une pâle et obséquieuse incarnation d'un Verbe souverain.
âme,idée,langue,soi

noblesse
L'interminable série de défaites de la noblesse par plagiats-perversions : Héraclite voue la philosophie au discours poétique, et Parménide l'encanaille dans une logique bancale ; Pythagore cultive une lumineuse mystique du nombre, et les éléatiques récoltent une casuistique des ombres ; Lao Tseu place le tao dans une inaction altière, et Confucius l'embrigade dans de bas rites ; Platon hisse l'idée lyrique hors du sol, et Aristote la souille par un enracinement empirique ; le cynique prône le mépris hautain, et le stoïcien bassement l'arraisonne ; les murs de Jésus ne convainquent personne, mais les portes des églises rameutent ; la mystique d'une Déité de Maître Eckhart sombre dans le charlatanisme de l'Unité de Nicolas de Cuse ; Kant trouve, pour le savoir divin, un refuge dans la transcendance, et Hegel le réduit à l'état de caserne dialectique ; Nietzsche s'ouvre à l'ivresse des sens, et Heidegger l'évente dans la sobriété de l'être et de l'essence.
action,christianisme,défaite,être,haine,idée,intensité,mouton,mystère,philosophie,…

noblesse
Trois niveaux de nihilisme : l'ontologique - nier l'être des choses réelles (les platoniciens), le fiduciaire - croire, que tout créateur doit partir de ses propres modèles de la réalité (les Russes), l’herméneutique - exclure tout lien entre le réel et le représenté (les phénoménologues) ; Nietzsche condamne le premier et le troisième, mais il est, lui-même, nihiliste, dans le deuxième sens, le russe.
création,être,nihilisme,réalité,représentation,russie

noblesse
Dans le regard, tourné vers le bas, à la façon du bétail (Platon), se retrouvent les profonds et les vastes, trônant dans des bureaux. Seuls les hautains osent lever leur regard, à l'aplomb de leurs ruines.
audace,hauteur,regard,ruines

noblesse
Sub speciae aeternitatis ne naissent que des ennemis de l'éternité. Celle-ci ne fraie qu'avec l'au-delà de l'être (l'Idée du Bien) de Platon, l'extase de Plotin ou de St-Augustin, la profession de Pascal, le bon plaisir de Dostoïevsky, l'au-delà du bien et du mal (l'intensité du Beau) de Nietzsche. Bref, sub speciae absentiae.
amour,audace,beauté,bien,éternité,être,mal,ombre

noblesse
Si la noblesse devait être associée à un quelconque échange généreux (Platon), ce serait par l'intermédiaire d'une bouteille de détresse, où j'aurais logé mon regard de naufragé.
bien,défaite,regard

noblesse
Toute l'Antiquité est un tribut au troupeau. Même la lanterne de Diogène n'éclaire pas le bon côté de l'épiderme (deux expériences à tenter : obscurcir la lanterne ou ne faire attention qu'à ses ombres agoraphobes) ; elle se moque de l'homme platonicien inexistant, au lieu de dénoncer l'existence, même au fond des tonneaux, des hommes agoraphores. Le culte de la barbe au détriment de l'enfance. La préférence de la pierre à l'arbre, du grenier à la cave. La mort comme événement et non pas état d'âme. Aucune intuition de la prière. Ce qu'il y a de vraiment profond, dans nos âmes d'Européens, nous le devons davantage au Christ qu'à Périclès. Comment s'appelle Athènes sans Jérusalem ? - ou Rome sans Athènes ? - les USA.
amérique,antiquité,arbre,christianisme,enfance,europe,grèce,inconnu,mort,mouton,…

noblesse
Tous les emplois sont aujourd'hui d'accès inévident. Celui de vaincu n'échappe pas à la règle. Sincérité du panégyrique des saloperies, indispensables au salut du genre humain. Refus de places publiques pour mes soliloques perclus au fond du souterrain, et que seule une oreille altière écouterait sans ricanement. Et aux voyages et chemins - « ton voyage se ferait non par l'âpre sentier souterrain, mais par la voie unie du ciel » (Platon), je préférerai l'immobilité et les ruines.
auteur,consolation,étoile,gloire,immobilité,ouïe,révolte,ruines,solitude,vie

noblesse
Toute fumée, même une fumée d'azur, ne conduit qu'au sommeil profond. La hauteur est question de veille, dans un vide d'azur. Il faut vivre d'un « rêve à l'usage de gens éveillés » - Platon.
hauteur,rêve,vide

noblesse
Il est des sensations ou des images, qui envoûtent l'âme, mais désespèrent la langue : le bonheur, Dieu - qu'aucune forme langagière sérieuse n'épouse ; on est condamné à les laisser dans l'antichambre des métaphores platoniques. L’espérance a besoin des yeux fermés ; l’esprit commande les yeux ouverts, pour nous conduire vers la désespérance ; l’âme, c’est le regard, les yeux fermés, inventant des espérances fugitives.
âme,bonheur,dieu,espérance,esprit,métaphore,regard

noblesse
La fuite face à la vie, vers une mort, qui serait un sommeil sans songes - un mauvais apologiste nécro-mantique voit ainsi le divin Socrate bien somnambulique. La noble attitude humaine serait l'immobilité face à la mort biographique, au milieu des songes sans sommeil, que serait devenue la vie thanatographique en veille. Et Freud n'y voit pas la vraie dimension, la hauteur : « Le rêve éveillé s'étend en largeur, mais aussi dans un lointain profond » - « Der Tagtraum erstreckt sich wie in die Breite, so in die tiefe Weite ».
axe,mort,rêve,romantisme,vie

noblesse
L'égale maîtrise du ton et du fond, le cas rarissime : Platon, Dostoïevsky, Tolstoï, Heidegger. Le cas le plus fastidieux, la morne maîtrise du seul fond, sans posséder le ton, - la gent professoresque. Sa maîtrise profonde : Aristote, Kant. Les meilleurs, prenant de haut le fond, s'adonnent au ton : St-Augustin, Nietzsche, Cioran. Et l'on finit par comprendre, que la hauteur du ton crée la profondeur du fond.
école,hauteur,maîtrise,style

noblesse
Pourquoi les âmes finirent-elles par devenir, comme les cervelles, tièdes, sans frisson ni fièvre ni éclat ? Parce qu'on suivit la recette platonicienne mal comprise : les nourrir. Mais au lieu de ne sélectionner que des aliments immatériels, composés d'élans et d'étonnements, pour en entretenir la pure flamme, on les encombra avec des matières lourdes, lois ou algorithmes, qui y éteignirent toute étincelle. « Étant grossier, tout esprit s'ignore et désire la chair, comme aliment et volupté »** - Boehme - « Ein jeder Geist ist rohe, und kennet sich nicht : nun begehret ein jeder Geist Leib, beides zu einer Speise und Wonne » - c'est dans l'image ou dans la donzelle que l'esprit entretient la belle illusion de soi.
âme,ange,caresse,élan,esprit,étonnement,femme,intensité,matière,raison,…

noblesse
D'après Sartre, on accède au monde par le regard. Mais il le place, à l'instar de Platon ou de Heidegger, en profondeur et non en hauteur, et il l'adresse au groupe et non à l'arbre.
arbre,hauteur,philosophie,regard

noblesse
Tant d'héritiers de l'Être (Parménide), du Nombre (Pythagore), de l'Idée (Platon), de la Substance (Aristote), du Doute (Pyrrhon) ; ce qui tomba en déshérence, c'est la Passion (Épicure, comme tous les autres Anciens).
amour,antiquité,doute,être,idée,philosophie

noblesse
Aussi abstraite que soit n'importe laquelle de mes remarques, je ne parviens jamais à la détacher de mon corps, c'est à dire d'une caresse ou d'une douleur, vrillées au corps de mon discours. Valéry parle d'un corps de l'esprit comme d'une inconnue sur l'arbre intellectuel. L'inhumaine pseudo-ascèse platonicienne : « mourir au corps, pour libérer l'essence et renaître à l'être » - explique l'obsession des Anciens par la minable tranquillité de l'âme, prépare le chemin à l'idée saugrenue de la résurrection, et, surtout, justifie la robotisation actuelle des esprits (esprit de corps).
âme,angoisse,antiquité,arbre,auteur,caresse,esprit,être,idée,mot,…

noblesse
Le corps et le cœur s'engagent, mais l'âme, c'est la force de dégagement (Platon). Cette âme céleste, descendue sur la terre, découvre la pesanteur, se sent obligée de s'engager et s'appellera – esprit. Depuis qu'Empédocle ajouta aux trois éléments célestes le quatrième, la terre, l'homme se cherche une nouvelle patrie - la terrestre, où, au lieu de brûler, de planer ou de chanter, il calcule.
âme,cœur,danse,éléments,esprit,grâce,robot

noblesse
Je suis indifférent à Platon, à Spinoza, à Kant ; mais je ne puis pas en être ennemi ; combattre la grisaille, c'est profaner mes propres couleurs. Mais il faut que je sache me dresser en ennemi de St-Augustin, de Voltaire, de Nietzsche, pour mettre à l'épreuve mes palettes.
auteur,ironie,lutte

noblesse
La Caverne platonicienne n’est nullement dans une profondeur, elle appartient à la banalité, donc à platitude, puisque tout notre savoir est inéluctablement anthropomorphique. La profondeur se donne aux yeux, et la hauteur – au regard. Aucune plongée dans la première n’est envisageable à partir de cette Caverne ; seule une envolée vers une hauteur est prometteuse. Il faut intervertir profondeur et hauteur dans cette bêtise deleuzienne : « La hauteur n’est qu’un effet de surface, qui se défait sous le regard de la profondeur ».
hauteur,intelligence,platitude,regard,savoir

noblesse
L’élan est un regard intense sur ce que ton étoile désigne au pays de l’inexistant, en absence de tout chemin, tracé par les autres. « Jamais la passion ne touche à ses limites »** - Platon.
absurde,amour,chemin,élan,étoile,frontière,intensité

platon
De toutes les choses attenantes au corps, ce sont les ailes qui le plus participent à ce qui est divin.
noblesse
Le sens de la honte devrait donc me rapprocher des dieux, puisque l'emploi principal des ailes semble être de cacher ma bosse.
caresse,dieu,étoile,honte

proximité
Dans les commencements mythiques, le Verbe ne viendrait qu'en troisième position, après l'étonnement (Thaumas du thaumaturge) et les Couleurs (Iris de la poïésis : « Iris est fille de Thaumas » - Platon). Une fois de plus, c'est Valéry, avec son étrange, qui est le plus près des sources.
commencement,esprit,étonnement,mot,mystère,voix

proximité
L'agnostique est celui qui, dans l'admirable harmonie de la matière et de l'esprit, voit un beau mystère, un dessein divin, ayant préconçu l'Idée avant sa réalisation. D'ailleurs, c'est le seul sens intéressant qu'on pourrait donner aux idées platoniciennes.
beauté,dieu,esprit,idée,matière,mystère

proximité
Moi, comme tout le monde, je suis tenté par mon démon, mais je dois le transfigurer en ange, comme le démon socratique devenant l'ange platonicien. La résignation dans le profond, la lutte dans le haut – des racines et des ailes.
acquiescement,ange,auteur,hauteur,lutte

proximité
Le commencement, qui ne serait qu'une projection des fins ou le calcul à partir des moyens, ne peut être que profane ; le bon devrait résulter des contraintes divines : « Lorsqu'on installe le commencement à la façon d'une divinité, il est le salut de tout le reste »** - Platon.
commencement,consolation,contrainte,dieu

proximité
Au commencement était le couple l'Amour - la Haine (Empédocle), la Monade (Pythagore ou Leibniz), l'Apparence (Pyrrhon), l'Idée (Platon), le Verbe (le Christ), l'Action (Thomas l'Aquinate, Goethe, après avoir opté pour le Sens et la Force, Valéry, avant de lui préférer l’Étrange, Proudhon), la Violence ou la Lutte (Pascal ou Darwin), le Soupçon (Marx et sa Classe, Freud et sa Perversion, Nietzsche et sa Musique, Berdiaev et sa Liberté), la Donation (Gegebenheit de Heidegger), l'Étrange (à partir des fantômes et spectres : « Shakespeare genuit Marx, Marx genuit Valéry » - Derrida). Chacun au commencement de sa discipline : l'Idée (le Nombre, la Monade, la Force) - pour représenter le mystère, le Verbe (l'Amour, le Sens, la Donation) - pour formuler les problèmes, l'Action (la Haine, la Lutte, le Soupçon) - pour tester les solutions, la Perversion et l'Étrange - pour confondre ou embellir les passages de l'un à l'autre de ces trois niveaux.
action,amour,christianisme,commencement,doute,esprit,force,haine,idée,liberté,…

proximité
La vraie foi surgit avec la magie du nombre, le regard initial ne naissant que dans la superstition de l'âme. « La mathématique nourrit la conversion du regard » - Platon. Mais mal digérée, la mathématique dévaste les âmes et les pousse à l'apostasie au profit des idoles désincarnées.
âme,regard,religion,science

proximité
Seul un Créateur génial aurait pu imaginer cette époustouflante coordination entre les organes du vivant et les signaux qu'ils reçoivent de la matière ! Notre sens du beau, réagissant à la beauté incarnée des choses, en est l'exemple le plus éblouissant ! La bêtise des platoniciens (les Formes, indépendantes de l'homme, préexistent) et des phénoménologues (l'homme ne découvre la beauté qu'au contact avec le beau).
beauté,création,dieu,hommes,intelligence,matière,mystère,vie

proximité
Dès qu'on se découvre les ailes, on est appelé par le lointain. « Lorsque l'âme a des ailes, elle se met à planer dans les hauteurs » - Platon. Sans l'usage des ailes l'âme, vite, dépérit.
âme,hauteur,mort

proximité
Peut-être il y eut deux Créateurs : le premier créa la matière, et le second s’occupa de l’esprit, pour donner naissance à la vie et au rêve, à l’eau et à l’air. « Entre le feu et la terre, Dieu plaça l’eau et l’air »** - Platon.
création,dieu,éléments,esprit,matière,rêve,vie

russie
Le Dostoïevsky politicien est un pamphlétaire impuissant et nullement oraculaire. Aucun des personnages des Possédés ne vit le jour (comme le Candide qui leur servit de prototype). Le héros central de la Révolution russe ne fut deviné que par Mérejkovsky dans l'Avènement du Goujat (héritier du gros animal de Platon, du Léviathan de Hobbes, de la multitude de Rousseau).
cité,mouton,révolte

russie
Se civiliser, c'est se débarrasser du péché originel et de la honte. Les péchés du Russe sont si cuisants, qu'il lui faut des dieux cléments, sachant fermer les yeux sur le réel et se contenter de l'idéel. « Le pouvoir soviétique se maintient grâce au platonisme du peuple russe. » - Lossev - « Советская власть держится благодаря платоническим воззрениям русского народа ». Tout autre peuple européen, soumis à une expérience marxiste, se nourrirait du Capital ; les Russes sortent tout droit de la République. L'idée reçue voit dans le Russe un vétéro-Chrétien, tandis qu'il est un païen, un platonicien invétéré.
argent,christianisme,culture,europe,honte,idée,réalité

russie
Veut-on vivre dans l'entente avec le monde ou dans le défi - le type de civilisation dépend de la réponse. « L'homme harmonieux - les Grecs homériques, les Chinois, les chrétiens gothiques. L'homme héroïque - les Romains, les Germains et Latins. L'homme ascétique - les Hindous, les Grecs néo-platoniciens. L'homme messianique - les premiers chrétiens, la plupart des Slaves. L'harmonie avec le monde, la domination du monde, la fuite devant le monde, la sacralisation du monde » - W.Schubart - « Der harmonische Mensch - die homerischen Griechen, die Chinesen, die Christen der Gothik. Der heroische Mensch - das antike Rom, Romanen und Germanen. Der asketische Mensch - die Inder und neuplatonische Griechen. Der messianische Mensch - die ersten Christen und die meisten Slaven. Welt-Einklang, Welt-Herrschaft, Welt-Flucht, Welt-Heiligung ». Peut-on sacraliser par l'harmonie, par la puissance ou par la fuite ? Oui, quand je suis un Ouvert, et ma musique, mon génie ou mon regard proviennent de ma profondeur divine et sont tournés vers ma hauteur humaine.
allemagne,audace,auteur,balance,chine,christianisme,culture,europe,force,grèce,…

russie
La philosophie n'a que deux sujets, autour desquels elle développe son discours : la consolation et le langage. Ces deux genres sont presque disjoints (seuls Platon et Nietzsche, peut-être, parviennent à les mélanger). Et tout grand écrivain, inévitablement, est touché par l'appel de l'une de ces deux branches philosophiques. Et c'est ici peut-être que réside la différence la plus profonde entre les littératures russe et européenne : la première est toujours dans la sphère de la consolation (le salut, la honte et la pitié), et la seconde – dans celle du langage (les représentations et les interprétations).
art,consolation,europe,honte,interprétation,langue,philosophie,représentation

russie
La civilisation occidentale cherche l'équilibre biunivoque entre les choses et les places : pour un vide elle trouve la chose, et pour une chose elle invente sa place. Les Grecs antiques, à l'instigation de Platon, furent obsédés par des places, sans trop se soucier des choses ; et les Russes adorent des choses sans place, des choses, des hommes ou des idées - déracinés !
antiquité,culture,grèce,idée,vide

berdiaev n.
Мы платоники. Западные люди, по преимуществу, аристотелевцы.

Nous sommes platoniciens. Les Occidentaux sont aristotéliciens, par excellence.
russie
Même si la Caverne se transforme plus facilement en sous-sol profond qu'en vaste caserne, sa hauteur se mesurera par la noblesse des ruines.
hauteur,noblesse,philosophie,ruines

steiner g.
The reserves of irony, in Akhmatova, in Mandelstam, in Pasternak, have been preserved in the personal memory. Stalin condemned a poet for having cited Shakespeare, the Prague police killed a philosopher because he had taught secretly Plato.

Les réserves d'ironie d'Akhmatova, de Mandelstam, de Pasternak ont été préservées par la mémoire individuelle. Staline condamnait un poète pour avoir cité Shakespeare, la police pragoise tuait un philosophe, parce qu'il avait clandestinement enseigné Platon.
russie
Pourquoi les voir sous cet angle sinistrement pittoresque ? Ces auteurs sont de la famille de Yeats, Valéry et Rilke. Quand est-ce que vous les envisagerez, comme vous voyez Shakespeare sans Elizabeth, J.Racine sans Louis XIV, Goethe sans le grand-duc de Weimar ? Et c'est bien en Russie soviétique que Shakespeare et Platon eurent les plus gros tirages !
art,école,ironie,cité,mémoire

solitude
Sur l'origine citadine et théâtrale de l'anachorèse : on applaudit au tonneau de Diogène et au souterrain de Pythagore, parce qu'ils se trouvent au centre de la cité (et le brave Socrate passe le plus clair de son temps près de l'Agora) – la solitude publique aura un grand avenir ! Le dramaturge devrait ne consulter que le démiurge et savoir recréer l'illusion de la vie, même dans une Caverne de Platon ou, au moins, dans une cabane de Démocrite. Dans l'ordre croissant des idoles de F.Bacon, la caverne précède le théâtre : « tribu, caverne, foire, théâtre » - « Tribe, Cave, Market-Place, Theater ».
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solitude
Se suffire à soi-même - la plus noble et la plus … ignoble des attitudes, autarcie ou narcissisme ; la formule de l'amour étant, semble-t-il : deux en un (Platon, Arendt) ou, mieux, deux en tant qu'un (Maître Eckhart). « L'ignare hautain se suffit à lui-même » - Lope de Vega - « Se sufre a sí mismo un ignorante soberbio ».
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solitude
« À nous deux ! » - commence naïvement un révolté pour finir fatalement dans un pugilat de foire. Avant tout combat, vérifie, que tu es toujours seul. Alors seulement, je pourrai dire, que « tout ce qui est grand s'édifie dans la tempête » - Platon (à la place de s'édifier dans, passif mais noble, d'autres traductions donnent, par ordre de dynamisme croissant : s'exposer à, se tenir dans, se dresser dans).
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solitude
Ils ont raison : tout déracinement est barbare. Mais il nous donne une chance d'être libérés de la basse pesanteur ; aucun enracinement, en revanche, ne se fait dans la hauteur (quoiqu'en pense Platon) ; il se fait en étendue, pour ne pas dire - en platitude : « L'enracinement est le besoin le plus méconnu de l'âme » - S.Weil. Dans la dialectique de la croissance et de la pesanteur, Valéry voyait la grâce de l'arbre.
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solitude
Tout philosophe, depuis Platon, se doit « d'être en exil et de conspirer contre sa patrie » - Nietzsche - « seit Plato ist er im Exil und conspirirt gegen sein Vaterland » ; celui d'aujourd'hui s'exile en colloques et conspire contre un groupe de recherches rival.
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solitude
Quand ton exaltation te porte à croire entendre une vox Dei, dis-toi que ce n'est qu'une vox populi - tu retrouveras vite le béni silence de tes dialogues inentamés, où naissent et le sentiment et la pensée : la pensée est un soliloque de l'âme sur le chemin vers elle-même (Platon). L'âme est muette ; c'est dans des impasses de la raison que je la comprends le mieux ; un moyen, incertain mais indicatif, pour que mon esprit en soit son porte-parole, est de ne pas me laisser envahir par le bruit de mon siècle. L'esprit, détourné des choses, et si c'était l'âme même ?
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solitude
À défaut d'être un être vivant, avec un corps, une tête et des pieds, un milieu et des extrémités (Platon), le discours doit être un arbre, pour nous parler de climats et de saisons, arbre à une hauteur, qui appelle la solitude et pousse vers l'ironie. Et sa lecture suppose un métabolisme du milieu, la fermeté et la maîtrise des extrémités, la sensibilité du corps et l'arbre requêteur dans la tête, prêt à s'unifier avec l'arbre discoureur.
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solitude
Depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, il existèrent trois types de philosophes, dont la voix s'articulait : dans un dialogue (avec un complice), dans un soliloque (du soi inconnu), dans un chœur (avec un rôle dicté par l'époque) – Platon, Nietzsche, Hegel. Les solitaires furent toujours plus pénétrants – Héraclite, Pascal, Valéry.
antiquité,inconnu,mouton,philosophie,soi

solitude
Les Platon, Descartes, Hegel ont tant d'imitateurs, d'acolytes, de plagiaires, reproduisant le même contenu, les mêmes schémas, le même ton. Autour d'Héraclite, St-Augustin, Nietzsche – un vide ; aucune voix comparable, faussement solidaire, ne brouille le contact direct, sans intermédiaires, avec leur poésie, leurs passions, leur langue. La stature d'un grand se devine d'après la virginité d'accès à leur musique ; le brouhaha des minables (lärmendes GezwirgeNietzsche) se filtre et se réduit si facilement au silence.
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solitude
Aujourd'hui, même dans les sous-sols et les cavernes (de Dostoïevsky et de Platon) s'installe le souci des casernes ou des salles-machine. Il reste le ciel, qui n'est jamais collectif, et où j'ai encore une chance d'avoir ma cellule ou mon étoile bien à moi. Mais, pour y accéder, je dois prouver ma parenté avec les astres. Le malheur du solitaire est qu'il est « étranger sur terre et dans le ciel » - Lermontov - « чужд всему - земле и небесам ». La solitude, c'est aussi le dépérissement de mon arbre généalogique.
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platon
La vie est un court exil.
solitude
Que la liberté allonge et le grégarisme adoucit. On ne connaît pas sa vraie patrie, celle qui vit la naissance de notre âme, mais on en garde une vague nostalgie. N'est dans sa patrie que l'anachorète, celui dont le corps et l'esprit ne quittent pas l'âme.
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platon
La bousculade des âmes provoque leur chute sur un sol terreux, où elles s'incarnent en un corps.
solitude
Une bonne incarnation rédime la chute en acceptant la solitude de sa croix, où meurent, unis, et le corps et l'âme, dans une pureté prélapsaire.
âme,ange,caresse,défaite

platon
Homère réduit l'esprit du lecteur à l'état des ruines.
solitude
D'autres proposèrent des phalanges, casernes ou étables avec beaucoup plus de succès. Mais quelle demeure peut se transformer aussi facilement en château en Espagne que les ruines homériques ?
mouton,rêve,ruines

plotin
Telle est la vie de l'homme divin : s'affranchir des choses d'ici-bas, s'y déplaire, fuir seul vers le Seul.
solitude
Être son propre exilé dispense de fuites ; l'horreur des routes m'interdit toute patrie, faite toujours de choses. L'évasion sur place, joyeuse, l'espace d'un matin, entre l'arrêt et le mouvement, serait-elle le troisième mode d'existence, après la nuit de l'être et l'ennui du devenir ? Fuir ensemble, en esprits ailés, peut aboutir aux choses de là-haut, où ne compte que le Verbe. (Platon : « Fuir, c'est s'assimiler à Dieu » - Dieu des routes, c'est toujours Hermès.)
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souffrance
De nos jours, les jardins secrets, aux avenues ineffables, se transforment paisiblement en jardins potagers à revenus stables. Le jardin de Platon (Akadêmos), au moins, nous mena jusqu'aux Immortels et le jardin d'Épicure fut acheté pour ériger un palais, que les stoïciens auraient transformé en cénotaphe.
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souffrance
Comment me débarrasser du désespoir ? - vivre dans un Ouvert et ne me passionner que pour les perspectives se perdant hors de cet Ouvert. Tout ce qui débouche sur un monde clos est source d'ennui. Cet Ouvert est plus près du Fermé de Valéry que de l'Ouvert révélé (entborgen - aléthéia - illatence) de Heidegger. La passion est fusion, désirée, impossible et imaginaire, de mon élan et de mes limites : « Quand la forme vitale, créée par l'union naturelle de l'illimité et de la limite, vient à se détruire, cette destruction est souffrance ; et le retour à son essence constitue le plaisir »** - Platon.
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souffrance
Tout commence par le corps, la-dessus même Platon est d'accord avec Nietzsche. Mais que ce soit une déchirure, une volupté ou un contact mécanique, la première tâche de la philosophie consiste à le transformer en caresse.
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souffrance
L'une des premières fonctions de la philosophie est la consolation artistique de notre défaite face à la vie ; donc elle ne peut être ni ludique, puisque le jeu est avant tout un appât de gain, ni sérieuse, puisque tout sérieux mène au malheur, au découragement, au désespoir. La définition platonicienne de philosophie comme jeu sérieux est sujette à critiques. À moins que, ironiquement, il ait voulu en faire un approfondissement de la tragédie. Sous une lumière naturelle, la vie, c'est une marche macabre de nos ombres tragiques, et la philosophie serait une lumière artificielle, qui en ferait une danse, non moins tragique mais noble.
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souffrance
Toute vie est une histoire de chutes : de l'extase (passion, poésie), vers l'enthousiasme (bonheur, harmonie) et vers l'ataraxie (équilibre, création). Par le travail implacable de la raison, toute justification d'une hauteur acquise s'érode et s'effondre. Et le but de la philosophie devrait être d'inventer de nouvelles raisons de s'immobiliser à la hauteur courante, de ne pas s'agiter. Plotin, Nietzsche, Cioran - pour la marche la plus haute, non-numérotée ; Épicure, Pascal, Dostoïevsky - pour l'avant-dernière ; Platon, Tolstoï, Valéry - pour la dernière.
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souffrance
Sous consolation, j’entends l’accord harmonieux entre le mystère lointain du Bien et du Beau, face au problème du Vrai proche et écrasant. Mais il est possible, qu’une autre puisse consister à apprendre à vivre du rire ignorant les pleurs. « L’art sera le rire de l’intelligence, comme il fut chez Platon, Mozart, Stendhal » - G.Steiner - « Art will be the laughter of intelligence, as it is in Plato, in Mozart, in Stendhal » - mais laissons tomber l’intelligence…
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platon
Vous ne sauriez être assez petits pour vous cacher sous la terre, ni assez grands pour vous élancer dans le ciel, mais vous subirez la peine, qui vous est due.
souffrance
Plus profonde est ma résignation et plus haut est mon rêve, plus intense sera ma musique, qui couvrira peut-être mes gémissements inévitables. Sur terre, mes mains et mes pieds se prosternent devant un ciel compréhensif et muet ; c'est à mes soupirs, enterrés ou envolés aux nues, que désormais le Dieu vengeur en veut.
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vérité
Tant de sophismes n'auraient jamais vu le jour, si la manipulation de la négation n'avait pas été si malaisée : Platon, incapable de nier une relation ternaire (par ex., ressemblance dans son Parménide) ; Shakespeare (« Nothing is but what is not »), ne distinguant l'universel d'avec l'existentiel ; Kant se ridiculisant avec froid et obscur en tant que des négations de chaud et de lumineux ; Hegel, confondant la complémentaire et la négation (tout comme Jankelevitch : « La négation exprime une altérité, mais non point un néant ») ; Le plus lucide est peut-être Sartre, faisant de variables rien et personne des instances de néant.
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vérité
Le sain souci de nier, avant d'affirmer, semble être une obsession grecque : le non-être mettant en valeur l'être de Parménide, la vérité (aléthéia) émergeant de l'oubli (Léthé) de Platon, la liberté s'opposant à la raison d'Aristote.
être,grèce,liberté,négation

vérité
La beauté est maîtresse du poète ; elle ne devrait se marier ni avec le vrai ni avec le bon. Les pitoyables idées platoniciennes devaient naître du mariage entre le beau et le vrai ; tandis le vrai mot, mot rédempteur, naît de la beauté, animée (couverte d'âme) ou visitée par le bon esprit.
âme,beauté,bien,esprit,idée,mot,poésie

vérité
Quel piètre cogniticien s'avère être Wittgenstein, en s'imaginant, que le travail de l'intellect se réduise à la description de modèles et de faits (Sachverhalte). Tandis que les idées, comparées aux faits, sont d'autant plus nombreuses, que le vrai par rapport au démontrable. Et prendre les idées pour faits, c'est du platonisme naïf.
discursif,esprit,idée,intelligence,réalité,représentation,simplicité

vérité
Vérité des relations mathématiques, vérité des propriétés physiques, chimiques, biologiques, vérité des faits du passé - tout y est sensé, sérieux et exclut toute polémique terminologique. Mais vérité philosophique - ou poétique ! - est chose si impensable, incongrue, n'offrant pas un seul spécimen crédible, qu'il est effarant de voir le gros de la troupe professionnelle continuer à le professer. Il faut choisir entre sophiste et copiste. Et Platon, tout en maugréant contre les mœurs des sophistes et des poètes, est, lui-même, dans le sophisme et la poésie.
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vérité
Le vrai se construit (un travail synthétique) et le démontrable s'établit (un travail analytique). Donc, soit la démarche anti-platonicienne : de la platitude des faits – à la hauteur des idées, soit la démarche anti-aristotélicienne : de la profondeur d'une hypothèse langagière – à la platitude de la preuve et du sens. Gödel et l'Intelligence Artificielle montrent que le premier travail, la représentation, apporte de plus vastes résultats que le second, l'interprétation.
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vérité
Aristote et Platon, dilettante du vrai et dilettante du bien, sont franchement ignares dans le beau, qu'ils imaginent en tant qu'éclat du vrai ; le beau est une lumière invraisemblable, une source inattendue, une cause nouvelle des effets bienfaisants dans notre âme, un regard néophyte, faisant baisser nos yeux incrédules. Le vrai n'est qu'une représentation, tandis que le Bien est dans la réalité divine et le beau – dans son interprétation humaine.
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vérité
Mes yeux fermés, mon esprit crée, constate ou évalue la vérité muette ; mon cœur la soupèse et l’anime, et mon âme la colore ou la fait parler. Mais elle ne se voit pas, comme, non plus, les objets mathématiques. Seules sont visibles, pour mon âme, ses métaphores : « On ne peut voir la vérité qu'avec les yeux de l'âme » - Platon.
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vérité
Tout ce qui touche à la vérité pourra être confié à l’ordinateur. Nos âmes ne devraient jamais se mêler à cette tâche robotique. Et, heureusement, la niaise invitation de Platon : « Il faut aller à la vérité de toute son âme » ne sera plus relevée par personne, puisque il n’y a plus d’âmes.
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vérité
Tous nos mouvements, de l’extase au calcul, partent du corps ; mais pour devenir intelligible, il doit s’allier avec nos facettes divines. Jadis, il pratiquait la connivence avec le cœur et l’âme, dans le sacrifice ou dans la beauté. Platon : « Les philosophes s’exercent à la séparation de l’âme et du corps » - voulut le détacher de l’âme ; le christianisme l’arracha du cœur ; il ne resta que l’alliance avec l’esprit, pour réduire le corps à l’hygiène et à l’obéissance syllogistique.
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vérité
Toutes les vérités, qu’Aristote (ou tout autre philosophe) découvrit, sont aujourd’hui de pâles platitudes (et, à l’époque, elles ne furent pas palpitantes non plus) ; et lui, Aristote, les mettait plus haut que l’amitié de Platon ! Et cette trahison de l’âme particulière, au nom d’un esprit commun, continue de sévir dans les cerveaux robotisés.
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vérité
Plus un homme est noble, plus il s’attache aux rêves indéfendables, irrésistibles et individuels et plus il devient indifférent aux vérités communes, dans les deux sens du mot. Aujourd’hui, presque toutes les vérités politiques, économiques, sociales s’installèrent dans le camp des salauds. Et Aristote n’est pas le seul salopard à trahir l’amitié de son ami, pour rejoindre le troupeau des véridiques ; Camus l’imita : « Si la vérité me paraissait à droite j'y serais ».
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bacon f.
No pleasure is comparable to standing upon the vantage ground of truth and to see the errors and tempests, in the vale below.

Ce plaisir incomparable, rester sur un roc imprenable de la vérité et voir les erreurs et tempêtes dans la vallée, sous ses pieds.
vérité
En levant la tête, tu découvrirais peut-être, qu'un autre plaisir, beaucoup plus ironique, anime celui qui, même au milieu des ruines du beau, t'observe et s'en moque. Platon fut meilleur géologue de la vérité : « La poésie, ce volatile, se nourrit dans la plaine de la vérité et allège l'âme », tout en ignorant qu'aux cimes du beau et dans les gouffres du bon, les nourritures donnent à l'âme - des ailes.
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france a.
J'oserai dire qu'il n'y a de vrai que le beau. Le beau nous apporte la plus haute révélation du divin qu'il soit permis de connaître.
vérité
On élit le beau, on adhère au vrai. Peu d'élus et une multitude d'appelés. La beauté n'a que des rapports platoniques avec le vrai. Elle ne crée pas de balances, elle est le poids même. Le vrai, c'est l'inverse.
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celan p.
Wer Wahrheit sagt, sagt die Schatten.

Ceux qui disent la vérité, disent les ombres.
vérité
La vérité est bien dans la lumière parfaite (« La vérité est le soleil des intelligences » - Vauvenargues), mais pour la dire, dans notre caverne, l'ombre est sa seule ressource lisible, sa copie imparfaite, son modèle. Inaugurée par Platon, gagnant en intensité et en franchise, elle devint sous-sol de Dostoïevsky.
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Platon