| amour | | | La raison n'est qu'un témoin de l'amour, c'est l'âme qui en est la nourrice. Avec le dépérissement des âmes, la raison se substitua à elles. Jadis malveillante : « La raison contre l'amour ne peut chose qui vaille » - Ronsard – elle en est, désormais, imposteuse. | | | | |
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| art | | | Tout écrit est fait d'un fond (les faits) et d'une forme (les métaphores). Vu la disparition des métaphores (suite à l'extinction des âmes) et la bonne santé des faits (avec la tyrannie de la raison), on acquiescerait, ironiquement, à la bêtise de Ronsard : « La matière demeure et la forme se perd ». | | | | |
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| mot | | | Le nom est l'épiderme des choses. L'arôme est sur les épidermes des asphodèles et des nénuphars. En dessous, presque tout est insipide. Le nom est promesse (« Nomen est omen » - Plaute). Ce que « nous nommons rose sous un tout autre nom sentirait aussi bon » - Shakespeare - « we call a rose, by any other name would smell as sweet ». Aimer la rose, rose absente de tous les bouquets (Mallarmé contre Ronsard), chassée du jardin (« l'être-rouge de la rose est absent du jardin »** - Heidegger - « das Rotsein der Rose steht im Garten nicht »), mais aussi de son propre nom (U.Eco). | | | | |
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| solitude | | | Le drame de la solitude, lorsque toutes les sources de mes larmes, de joie ou de peine, se retrouvent aux lieux désertiques. « Car mon pis et mon mieux sont les plus déserts lieux »**** - Marie Stuart (nos excellents Anglais traduisirent : « All things good and bad have lost the taste they had » - insurpassable niaiserie !). L'aristocratisme du goût me condamne au non-partage de mes fardeaux et de mes cadeaux, même avec ma mignonne (Ronsard). À moins que j'aie le courage de Pétrarque : « Plus désert est le rivage, plus belle est l'ombre, que ma pensée y jette » - « Più deserto lido, più bella il mio pensier' l'adombra », ou la naïveté de Poe : « Tout ce que j'aime - je suis le seul à l'aimer » - « All I lov'd - I lov'd alone ». | | | | |
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| souffrance | | | Les uns croient (Ronsard ou Pascal), que le temps est immobile, et que c'est nous qui passons devant le temps. D'autres y voient « cette image mobile de l'immobile éternité » - Rousseau. On y a une illustration : on souffre dans le devenir, on végète dans l'être. | | | | |
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