Luther M.
 
 
 

action
Lesquelles de mes créations donnent une image plus fidèle de mon soi ? - celles des mains ? de l’esprit ? de l’âme ? Les spontanées, les profondes, les hautes ? On vit dans le réel, on rêve dans l’imaginaire ; donc, m’est avis que les premières de ces créations soient les plus authentiques, et Luther : « L’homme devrait se méfier de ce qu’il fait » - « Oportet hominem de suis operibus diffidere » - au jugement de l’esprit, a tort, bien qu’au tribunal de l’âme il ait raison.
âme,auteur,authenticité,erreur,esprit,hauteur,hommes,réalité,soi

bien
Le premier sentiment des paléochrétiens fut la repentance (et qui réapparaît chez Luther comme sa première thèse ! « La vie entière d'un croyant doit n'être que repentir » - « Omnem vitam fidelium poenitentiam esse voluit »), métanoïa, - une noble pose ! Car le mal, c'est faire souffrir ; mais il n'est pas de geste, dont ne souffrirait quelqu'un ; donc, le seul moyen de se rapprocher du Bien est la honte primordiale. « Le repentir, un gage troublant, mais précieux, de notre nature plus noble » - Fichte - « Es giebt Reue, ein beunruhigendes, aber doch köstliches Unterpfand unserer edleren Natur ».
action,antiquité,christianisme,honte,mal,nature,noblesse,pose

cité
La malchance de la fraternité, c'est que tout progrès en connaissances la rend plus inutile. « Nous avons appris à voler comme les oiseaux, à nager comme les poissons, mais nous avons désappris l'art si simple de vivre comme des frères » - Luther - « Wir haben gelernt, wie die Vögel zu fliegen, wie die Fische zu schwimmen ; doch wir haben die einfache Kunst verlernt, wie Brüder zu leben ». Le troisième élément, la terre, nous a aussi rapprochés des reptiles et des moutons. C'est le quatrième, le feu des astres amoureux, qui nous abandonne, dans notre tiédeur fétide.
éléments,étoile,fraternité,mouton,pitié,platitude,simplicité,utilité,vie

cité
On relut l'Évangile à la lumière du lucre, colla aux verbes forcenés quelques adjectifs calmants, et nous voilà au milieu des bêtes policées et robotisées, des moutons ayant perfectionné l'art de piétiner sans douleur ni peine. « On ne peut pas régir le monde d'après les Évangiles, ce serait déchaîner les bêtes sauvages » - Luther - « Man kann die Welt nicht nach dem Evangelium regieren ; denn das hieße die wilden Tiere losbinden ».
argent,bassesse,christianisme,interprétation,lutte,mouton

hommes
Les plus perspicaces diseurs de l'avenir des hommes sont Luther, La Fontaine et Kant ; le premier, à travers le servo arbitrio de la prédestination, voua l'homme au destin d'un rouage ; le deuxième, plus près de nous, le vit en franche moutonnaille ; le troisième, qui voyait plus loin, le qualifia de robot (abeille).
liberté,modernité,mouton,robot

ironie
Le XVI-me siècle, c’est la fête de l’ironie dans la littérature – Cervantès, Shakespeare, Montaigne et même Luther. Le siècle suivant, celui des dramaturges et des philosophes, étouffa cette vitalité ; et le phénomène Voltaire n’est qu’un chant du cygne de l’ironie agonisante. Notre époque vit sous le signe de la gravité, de la lourdeur, de la pédanterie. Rappelons-nous que les chutes de la Grèce et de Rome furent annoncées par leurs derniers ironistes, Lucien et Juvénal.
art,grèce,histoire,modernité,mort,philosophie

noblesse
La hauteur : ne pas m'occuper des choses, mais des places qu'elles occupent, des topoi. Si bien que, pour chasser des idoles, je n'aurais plus besoin de marteau, qui de toute façon tourna déjà en encensoir (grâce à M.Luther, Nietzsche ou R.Char), mes ruines virtuelles suffiraient pour les faire fuir vers des murailles sans hauteur.
auteur,hauteur,réalité,représentation,ruines

noblesse
La profondeur appartient à l’esprit, et la hauteur – à l’âme ; c’est pourquoi il ne faut pas chercher, vainement, fundum animae (Maître Eckhart ou Luther), mais s’appuyer sur fundum intellectu, pour viser altitudinem animae.
âme,esprit,hauteur

proximité
Aujourd'hui, tout saint vénéré sur la place publique exhibe son CV, son pedigree, sa sinécure ou ses diplômes, tandis qu'on ne peut vénérer que l'inexistant innommable : « J'ai vénéré les saints jamais nés » - Luther - « Ich habe Heilige angebetet, die nie sind geborn worden ».
amour,commencement,école,gloire,inconnu,réalité,sacré

proximité
Le christianisme initial prônait la repentance, l'ascèse, la haine de l'argent. Aujourd'hui, il s'entend parfaitement avec des valeurs contraires. « L'argent, verbe du diable, par lequel il a tout créé dans le monde, comme Dieu crée par le vrai verbe » - Luther - « Geld ist des Teufels Wort, wodurch er in der Welt alles erschafft, so wie Gott durch das wahre Wort schafft ». À part quelques préfixes de pacotille, le verbe de Dieu préconise visiblement la même rection.
argent,authenticité,christianisme,création,dieu,ironie,langue,mot

proximité
Pour quand la machine rougissante et sanglotante ? Puisqu'elle se met déjà à penser et à croire ; elle peut dire déjà « ergo sum Deus », la symbiose du cogito et du : « Celui qui croit est dieu » - Luther - « Der aber glaubt, der ist ein Gott »Â ! Des seuls penser et croire ne découlent que le robot ou le mouton.
dieu,honte,mouton,raison,robot,sentiment,souffrance

proximité
Les fondateurs d'Églises : ses Pères - l'orthodoxie, Charlemagne - le catholicisme, Luther - le protestantisme ; recel de faux, faux, usage de faux - tout est prévu pour la rétractation et le verdict. Et chaque fois huit siècles séparent ces croires à former, comme huit siècles séparent les pensers du formé : Aristote, St-Augustin, Thomas d'Aquin, Wittgenstein. La prochaine étape serait donc un nouveau croire. Mais croire, en absence des âmes, est-ce encore croire ? Thomas d'Aquin comptait onze passions ; quatre siècles plus tard, Descartes n'en voyait plus que six ; encore quatre siècles, et bientôt nous n'en serons qu'à zéro.
christianisme,élan,justice,mensonge,temps

proximité
Les premiers protestants (Luther, Th.Müntzer) conçurent la vision la plus intellectuelle de la foi : elle serait l’unification de deux arbres – de l’Ancien et du Nouveau Testaments - avec le troisième, celui du croyant lui-même ! Seulement ils n’évaluèrent ni les différences des lieux de ces variables (racines, troncs, branches, fleurs, fruits, cimes, ombres) ni le nombre de variables qu’exigerait une unification féconde ; l’arbre unifié comporterait davantage de variables que ses sources et n’apporterait donc rien de significativement nouveau.
arbre,christianisme,intelligence,ombre,religion

claudel p.
La malheureuse Russie, d'âme si religieuse, enténébrée par le schisme.
russie
Peut-on qualifier de lumineux le regard, qui voit dans le nazisme l'ombre sinistre de Luther et dans le bolchevisme - l'éclat superstitieux des icônes ?
âme,ombre,regard,religion

solitude
Socrate et Jésus m'étaient fort sympathiques, jusqu'au jour, où j'aperçus, que leurs soliloques ou dialogues n'étaient qu'échos de places publiques. Mais Prométhée et Job devaient trop leur héroïsme à la flamme ou au fumier, où il me fallait du froid et du flair. Le moulin à vent m'obstruait la vue de l'île déserte du rêve, île en tant que terre promise de Don Quichotte. Et je leur préférai Hamlet et Faust, se contentant de fantômes pour bâtir de beaux dialogues, sous forme de soliloques décousus. Et s'ils sont si forts en philosophie, c'est que peut-être ils fréquentèrent la même Université allemande que Luther et Stavroguine.
auteur,christianisme,continuité,désert,école,éléments,espagne,goût,gloire,grèce,…

souffrance
L'esprit, même s'il est plus lucide que l'âme, tente de nous détacher des pensées sombres, mais l'âme est portée en permanence vers la tristesse. « On ne se débarrassera jamais de ses chagrins, si l'on tâte en permanence son pouls » - Luther - « Wir kommen nie aus den Traurigkeiten heraus, wenn wir uns ständig den Puls fühlen ». Depuis qu'on ne tâte que sa cervelle, on ignore la fièvre, mais toute joie n'est plus que cérébrale.
âme,balance,bonheur,esprit,intensité,ironie,mélancolie,raison
Luther M.